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Federer: "Un des meilleurs matches de ma carrière"

Le champion helvétique Roger Federer fait la Une de nombreux journaux.
"Rodgeur" remporte son quatrième sacre à Melbourne.
Malgré la fatigue et l'heure tardive, Roger Federer a répondu avec sa disponibilité habituelle à la presse à l'issue de sa finale gagnée contre Andy Murray à Melbourne. Le Bâlois a évoqué son tournoi, ses filles et l'avenir.

Roger Federer a disputé "un des meilleurs voire le meilleur
match"
de sa carrière face à Andy Murray pour remporter son
16e titre du Grand Chelem, dimanche à l'Open d'Australie. Malgré la
fatigue et l'heure tardive, Roger Federer n'a cessé, devant la
presse, de repasser dans sa tête le film de la finale.



Quelle saveur a ce 16e titre du Grand Chelem?



ROGER FEDERER: C'est fort, surtout lorsqu'on
regarde la façon dont s'est terminée cette finale. 13-11 au
tie-break, ce n'est pas la même chose que si on remporte son
dernier jeu blanc. Je rate une balle de match en tentant un coup en
peu fou avec cette amortie. Après avoir perdu ce point, je me suis
dit que Murray m'avait pris la Coupe des mains. Je me suis retrouvé
alors à la croisée des chemins. A un point de la victoire ou à 24.
Cela fait une sacrée différence!



Je suis en tout cas très fier de ma performance d'ensemble sur
cette quinzaine à Melbourne. J'ai joué de mieux en mieux au fil des
tours. Le tournant pour moi, ce fut le quart de finale contre
Davydenko. Ces 13 jeux gagnés de rang ont tout changé. Davydenko
jouait vraiment le plomb. J'aurais pu me retrouver très vite à 6-2
6-2 2-0 pour lui...

Premier titre majeur en tant que papa

C'est votre premier titre
majeur en tant que papa..
.



ROGER FEDERER:

Oui, ça change un peu. Je suis
content d'avoir réussi à gérer tout ça. Mais honnêtement, c'était
plus fort encore lorsque j'avais gagné à Cincinnati (en août). A
l'époque, les filles avaient à peine trois semaines. Ici, c'est le
premier Grand Chelem, mais là-bas c'était encore tellement
frais.



On a le sentiment que vous contrôliez cette
finale..
.



ROGER FEDERER:

Mouais, c'était serré quand même.
Physiquement et mentalement, ce match a exigé beaucoup d'efforts.
En la personne de Murray, j'affrontais vraiment un très grand
adversaire: un remarquable contreur mais aussi un joueur qui peut,
s'il sert bien, être extrêmement difficile à piéger sur ses jeux de
service. Il était crucial de lui démontrer que j'étais bien là en
début de match. Les premiers échanges dans la diagonale des revers
ont donné le ton. J'ai dû jouer mon meilleur tennis pour le battre.
C'était un des meilleurs matches de ma carrière, peut-être même le
meilleur.



Avant la finale, vous avez dit que la pression était sur ses
épaules. Pensez-vous avoir gagné la guerre
psychologique
?



ROGER FEDERER:

Il ne faut pas exagérer. Si j'ai
dit que ce n'était pas facile de gagner son premier Grand Chelem,
ce n'était pas pour l'embrouiller! C'est juste parce que c'est
vrai. Ce ne sera pas facile la prochaine fois pour lui non plus.
Mais je suis certain qu'il va y arriver un jour.



Depuis votre finale ici il y a un an, tout a
changé
!



ROGER FEDERER:

Mais moi j'ai toujours dit que
j'avais joué un super tennis l'année dernière, surtout vu les
circonstances avec mon dos et tout ça. J'étais parti en vacances en
me disant: Rafa a été trop fort. Mais je pouvais vivre avec ma
performance. Je pensais que j'allais pouvoir faire une bonne année.
J'ai gagné ensuite Roland-Garros et Wimbledon mais je savais déjà
avant que c'était faisable.

Les 286 semaines de Sampras en ligne de mire

J'ai toujours su que
j'avais quelque chose de spécial mais je ne savais pas que ça
allait être aussi fou.

Roger
Federer

Vous continuez à chasser les
records, vous pouvez désormais viser celui de Sampras au nombre de
semaines en no1 mondial..
.



ROGER FEDERER:

C'est incroyable, même pour moi
qui ai l'habitude d'en parler depuis des années déjà. Mais ce n'est
pas une obsession. Je ne me dis pas qu'il me reste encore tel ou
tel record à battre. Ce qui arrive, arrive. Si je peux battre le
record de Sampras, c'est magnifique! Mais en même temps, je serai
triste pour lui car c'était mon idole.



Quel est le record qui compte le plus à vos yeux?



ROGER FEDERER:

Probablement mes 16 victoires en
Grand Chelem car cela témoigne d'une régularité qui n'était pas mon
point fort quand je suis arrivé sur le Circuit.



Comment faites-vous?



ROGER FEDERER:

Il n'y a pas de secret. Je suis
définitivement un joueur très talentueux (sourire). J'ai toujours
su que j'avais quelque chose de spécial mais je ne savais pas que
ça allait être aussi fou. J'ai toujours su que je l'avais dans mes
mains. Mais je ne savais pas si je l'avais dans la tête et les
jambes. J'ai dû travailler très dur dans ces domaines. Et
aujourd'hui, les jeunes comme Andy qui arrivent me poussent et ça
m'aide énormément.



Combien de temps pensez-vous encore durer à ce
niveau
?



ROGER FEDERER:

Il n'y a aucune garantie. Mais mon
jeu est plus économique que celui de beaucoup d'autres et je suis
très tranquille dans ma tête aussi. Je prends beaucoup de plaisir
sur un court. Je suis toujours sur cette route incroyable, je n'ai
aucune idée où elle va se terminer. Mais j'espère que ce n'est pas
de sitôt.



Comment allez-vous fêter ce titre ce soir?



ROGER FEDERER:

Comme d'habitude, avec les amis et
la famille, autour d'une bonne table, avec quelques verres.
J'espère que les enfants sont couchés!



agences/rsch

FEDERER EN TAILLE PATRON

On prédisait à Federer une année 2010 placée sous le signe de
tous les dangers. Murray, Davydenko, Djokovic, Del Potro, Nadal...
Autant d'adversaires aux dents longues qui rêvent de faire chuter
le no1 mondial de son piédestal! Même John McEnroe, vainqueur de 77
tournois et désormais consultant TV, s'était plu à déclarer avant
l'Open d'Australie que le Bâlois avait atteint un tel niveau qu'il
ne pouvait que finir par descendre de son trône. Eh bien cette
heure n'est pas encore arrivée! Federer, le maître, le virtuose, le
génie a ajouté à Melbourne un 16e titre en Grand Chelem. De quoi
rendre cette marque encore plus inaccessible. Et au no1 de
consolider son rang de patron.

POIDS EN MOINS, PLAISIR EN PLUS

Roger Federer l'a dit lui-même: depuis son sacre de l'année
dernière à Roland-Garros, notre champion s'est défait d'un poids
qui le poursuivait depuis 2006 et ses trois échecs sur l'ocre de la
Porte d'Auteuil en finale face à Nadal. Désormais, l'homme aux 62
titres, qui a quasiment battu tous les records inimaginables,
évolue de manière encore plus relâchée. Moins de pression et plus
de plaisir, en quelque sorte. Du bonus, en définitive, qui permet à
Federer de développer plus encore son amour du jeu. Alors que ses
rivaux, à l'image de Murray à Melbourne, s'époumonent en vain pour
faire chuter le Bâlois, Roger joue sur un autre tableau. Celui de
la perfection et des sommets inexplorés.

PARIS EN BOUTEILLE?

Et si 2010 rimait avec excellence pour le maître? Et si, comme
en 2006, 2007 et 2009, Roger Federer atteignait les 4 finales du
Grand Chelem, mais qu'il les gagnait toutes cette fois? Depuis
l'ère Open, seul Rod Laver, en 1969, a réussi cet exploit
jusqu'ici... C'est bien connu: avec des "si" on mettrait Paris en
bouteille... Nul doute qu'avant de rêver de Grand Chelem, le no1
mondial accueillerait à bras ouverts un deuxième sacre à
Roland-Garros. Seule certitude: 2010 a commencé à coups de revers
et autres passings victorieux pour le Bâlois. Son sacre à Melbourne
est 1000 fois mérité! Ce ne sont pas Hewitt, Davydendo, Tsonga et
surtout Murray qui diront le contraire.



Miguel Bao

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Les limites repoussées toujours plus loin

4 sacres à l'Open d'Australie
En remportant son quatrième Open d'Australie, Federer rejoint Jack Crawford, Ken Rosewall et Andre Agassi au palmarès du tournoi. Roy Emerson détient le record avec six succès.

16 titres en Grand Chelem22 finales en Grand Chelem
Personne n'a disputé autant de finales de "majors" que Federer, qui en compte désormais trois de plus qu'Ivan Lendl. A ce stade, seul Rafael Nadal (cinq fois) et Juan Martin Del Potro (une fois) l'ont battu. Tous les autres ont connu la défaite: Mark Philippoussis, Marat Safin, Andy Roddick (quatre fois), Lleyton Hewitt, Andre Agassi, Marcos Baghdatis, Fernando Gonzalez, Novak Djokovic, Robin Soderling et Andy Murray, à deux reprises.

23 demi-finales d'affilée
Le nombre de demi-finales d'affilée de Grand Chelem. Aucun joueur de toute l'histoire du tennis n'avait jamais dépassé les dix demi-finales de suite. Le dernier à l'avoir éliminé avant dans un tournoi majeur est Gustavo Kuerten, à Roland-Garros en 2004.

40 titres sur dur
Federer a remporté à Melbourne son 40e tournoi sur dur. Seul Agassi a fait mieux, avec 46 titres.

41 tournois du Grand Chelem de suite
Federer a disputé à l'Open d'Australie son 41éme tournoi du Grand Chelem de suite. Dans l'ère Open, seul le Français Fabrice Santoro a fait mieux avec 46 apparitions. Federer souligne que pour gagner il faut déjà participer. Etre rarement blessé constitue l'une des clés de sa formidable réussite.

62 titres
Federer a désormais gagné autant de tournois que Guillermo Vilas. Jimmy Connors (107), Ivan Lendl (94) et John McEnroe (77) sont encore loin. Mais Björn Borg (63) est à portée de main.

268 semaines
Federer entamera lundi sa 268e semaine en tant que no1 mondial pour égaler Jimmy Connors en troisième position. Le record appartient toujours à Pete Sampras avec 286 semaines. Pour combien de temps? Sampras a encore un peu plus de quatre mois d'avance.