L'équipe de Suisse va au devant d'une mission quasi impossible à
Birmingham au 1er tour de la Coupe Davis. L'absence de Roger
Federer obligera Stanislas Wawrinka (ATP 16) à jouer le tennis de
sa vie pour empêcher les Etats-Unis de passer le 1er tour.
Un peu plus de 16 ans après la mémorable finale de Fort Worth où
Marc Rosset et Jakob Hlasek avaient manqué de peu l'exploit face à
la "dream team" américaine (Jim Courier, Andre Agassi, Pete Sampras
et John McEnroe), la Suisse semble à nouveau battue d'avance en
terre américaine.
Américains invaincus à domicile depuis 1999!
L'optimisme affiché mardi en conférence de presse paraît
démesuré, même s'il serait impardonnable de faire preuve de
défaitisme. Les Américains sont tout de même invaincus à domicile
depuis juillet 1999 (soit 13 succès de rang) et une défaite
concédée face à l'Australie de Pat Rafter et Lleyton Hewitt.
Si les Etats-Unis possèdent toujours une équipe de premier plan
avec deux top 15 du classement de simple (Andy Roddick/ATP 6 et
James Blake/ATP 13) et la meilleure paire de double du monde (Bob
et Mike Bryan), l'équipe de Suisse n'avance pas les mêmes arguments
que le duo Rosset/Hlasek. Son numéro un Stanislas Wawrinka n'a pas
joué depuis le 23 janvier, date de son élimination au 3e tour de
l'Open d'Australie. Ce break, certes planifié de longue date, place
de facto le Vaudois dans l'inconnu. Même s'il affirme le
contraire.
Match-clé face à Blake vendredi
Condamné à enchaîner les coups
d'éclat devant les 16'000 spectateurs du Birmingham-Jefferson
Convention Complex - quatrième plus grand stade utilisé pour la
Coupe Davis aux Etats-Unis -, Stan sait pertinemment que le duel
qu'il livrera vendredi face à James Blake sera le match-clé du
week-end. Un succès, et les rêves les plus fous seraient permis. Un
échec, et la rencontre pourrait bien être pliée dès le double de
samedi.
"Même avec Roger dans l'équipe, nous n'aurions pas été
favoris. Ce week-end constitue un superbe challenge. Nous sommes là
pour gagner", lâche Wawrinka, qui reste tout de même sur
quatre succès en simple en Coupe Davis.
Marco Chiudinelli en pole
Wawrinka n'est pas le seul Helvète à la recherche de sa
confiance. Yves Allegro (ATP 96 en double) n'a, ainsi, pas remporté
le moindre match en double cette année. Déjà "sacrifié" en
septembre face à la Belgique pour permettre au duo Federer/Wawrinka
d'étrenner son titre olympique, le Valaisan pourrait même faire les
frais du retour en forme de Marco Chiudinelli (ATP 341). Tout comme
Stéphane Bohli (ATP 143), dont la force de frappe et les qualités
tant physiques que morales sont également inférieures à celles du
Bâlois.
Chiudinelli semble le plus à même de créer la sensation vendredi
face à Andy Roddick, puis de tenir le choc sur le plan mental en
cas de cinquième match décisif. Il reste sur un 8e de finale à
Dubaï où, issu des qualifications, il avait sorti un autre grand
serveur (Ivo Karlovic) avant de passer à deux points de la victoire
face à Fabrice Santoro. Et le Bâlois avait prouvé, au 1er tour en
2007 face au redoutable duo espagnole Lopez/Verdasco (défaite 12-10
au cinquième set avec Allegro), qu'il avait les moyens de briller
en double.
LE CASSE-TÊTE DU DOUBLE
Le capitaine Severin Lüthi, qui aime affirmer qu'il possède de
nombreuses options dans son équipe, serait bien inspiré de tout
miser sur le duo Wawrinka/Chiudinelli. Le Bernois, qui devrait
titulariser Chiudinelli en simple vendredi - à moins qu'il ne le
préserve pour les deux dernières journées -, n'officialisera
cependant pas un tel choix lors du tirage au sort.
Stanislas Wawrinka devrait disputer le double s'il n'a pas brûlé
toutes ses cartouches vendredi. Sinon, c'est probablement au duo
Allegro/Chiudinelli que reviendra le redoutable honneur de défier
les frères Bryan.
si/dbu
"Déçus que Roger soit absent"
L'équipe des Etats-Unis assume sans sourciller son rôle de favorite face à la Suisse. "Nous sommes déçus que Roger Federer soit absent. Mais il est clair que cela nous avantage fortement", lâche le no1 américain Andy Roddick. "Son forfait enlève un peu de charme à cette rencontre. Mais nous étions prêts à affronter une équipe emmenée par Roger", poursuit A-Rod, qui avait fait ses premiers pas dans la compétition à Bâle en 2001 lors du dernier duel entre ces deux nations (victoire 3-2 de la Suisse, avec 3 points de Federer).
"Je me réjouissais de pouvoir prendre une revanche sur la défaite concédée en demi-finale du tournoi olympique de Pékin face à Federer et Stanislas Wawrinka", regrette pour sa part Mike Bryan, qui s'attend à défier Yves Allegro ("un joueur très expérimenté qui sait gérer la pression") et Wawrinka ("un bon joueur de double, doté d'un excellent service et d'une bonne volée") samedi en double aux côtés de son frère jumeau Bob.
L'importance des jumeaux Bryan
L'homogénéité de l'équipe US faisait d'elle la favorite avant même le désistement du Bâlois. Le quatuor Andy Roddick/James Blake/Mike Bryan/Bob Bryan a disputé dix des onze dernières rencontres dans cette compétition, avec à la clé la quête d'un Saladier d'argent (en 2007) et deux demi-finales (en 2006 et 2008). "Les souvenirs liés à cette compétition seront sans doute parmi les plus beaux de ma carrière", souligne ainsi Roddick.
Le capitaine Patrick McEnroe ne pourrait rêver mieux. "Ce que les Bryan apportent à cette équipe est énorme. Andy et James savent qu'ils peuvent se concentrer exclusivement sur leurs matches de simple", relève le frère cadet de John.
Les Bryan (dont le bilan est de 14 succès pour 2 défaites en Coupe Davis!) abordent d'ailleurs ce week-end en pleine confiance après avoir gagné trois titres en quatre tournois disputés en 2009, dont l'Open d'Australie. "Nous avons beaucoup travaillé à l'intersaison. Et la Coupe Davis est très importante pour nous", souligne Mike.
Blake veut améliorer sa statistique
Certaines statistiques défavorables (réd: Wawrinka a battu Roddick lors de leur seul duel, 3-0 abandon à Rome l'an dernier, et s'est imposé à deux reprises en deux face-à-face avec Blake) ne troublent par ailleurs pas le moins du monde le team américain. "J'ai perdu deux fois face à Stan, mais les deux fois sur la terre battue, qui n'est pas exactement ma surface préférée. J'avais en outre bien résisté", rappelle Blake. "Ici, on jouera sur ma surface favorite, devant un public qui nous apportera un énorme soutien. C'est l'occasion rêvée d'améliorer ma statistique."