Contre toute attente, Roger Federer ne débarquera pas à
Roland-Garros les mains vides. A une semaine du début des
Internationaux de France, le Bâlois a cueilli son premier titre de
l'année, le 58e de sa carrière, en remportant le Masters 1000 de
Madrid.
Roger Federer s'est imposé 6-4 6-4 en finale devant Rafael Nadal
qui restait sur une série de 33 victoires sur terre battue et qu'il
n'avait plus battu depuis novembre 2007. En damant le pion au no 1
mondial sur ses terres, il a sans doute effacé en partie le
traumatisme de la défaite concédée le 1er février en finale de
l'Open d'Australie, le jour où il aurait dû égaler le record des
quatorze titres du Grand Chelem de Pete Sampras.
Même s'il a dû écarter les deux premières balles de break de la
rencontre, une balle de 2-0 et une de 4-2, la victoire de Roger
Federer ne souffre aucune discussion. Le Bâlois a su pleinement
exploiter les effets de l'altitude pour imposer son jeu d'attaque.
Parfaitement protégé par son service, il fut le plus tranchant, le
plus brillant, avec notamment ce recours à l'arme de l'amortie
qu'il maîtrise à merveille, sur le court.
Un Rafael Nadal fatigué
Rafael Nadal a
payé cash les efforts consentis la veille contre Novak Djokovic. La
Majorquin avait dû lutter plus de quatre heures sur le court et
écarter trois balles de match pour s'imposer devant le Serbe.
Dimanche, il est évident qu'il n'était pas en pleine possession de
ses moyens.
Il y a trois mois et demi à Melbourne, les circonstances étaient
également favorables à Roger Federer après la demi-finale marathon
de Nadal contre Verdasco. Mais trop crispé, le Bâlois avait
galvaudé cette occasion en or. A Madrid, il fut cette fois
implacable. Il n'a pas laissé respirer son adversaire pour conclure
sur sa seconde balle de match en armant un sixième ace.
6-4 6-4 en moins d'une heure et demie: il s'agit presque d'une
victoire par k.o. L'issue de cette finale ne remet toutefois pas en
question la hiérarchie avant Roland-Garros. Titré à Monte-Carlo et
à Rome, le tournoi dont les conditions de jeu s'approchent le plus
de celles de Paris, Rafael Nadal restera l'homme à battre dans ce
Grand Chelem qu'il a remporté à quatre reprises et où il n'a encore
jamais connu la défaite.
Federer retrouve tout son punch sur son service
Quatre semaines après avoir sombré à Monte-Carlo devant
Stanislas Wawrinka et deux semaines après avoir craqué de manière
presque inexplicable à Rome face à Novak Djokovic, Roger Federer
goûte à nouveau aux délices de la victoire, une sensation qu'il
n'avait plus connue depuis les Swiss Indoors en octobre dernier. Ce
succès lui permet de revenir à la hauteur de Nadal dans le palmarès
des vainqueurs des tournois Masters-Series avec 15 victoires, à
deux longueurs du recordman Andre Agassi (17).
A Madrid où il a bénéficié, il est vrai, d'un tableau favorable
pour défier Nadal, il a retrouvé tout son punch au service. Il n'a,
ainsi, perdu que deux des cinquante-cinq jeux de service qu'il a
disputés sur l'ensemble du tournoi. S'il témoigne de la même
rigueur à Paris, il peut nourrir l'espoir de disputer une quatrième
finale de rang. Assuré, bien sûr, de conserver son rang de no 2
mondial après cette victoire, Roger Federer ne pourra pas
rencontrer Rafael Nadal avant la finale. Et il doit sans doute
prier pour que Nadal et Djokovic figurent, comme à Madrid, dans la
même partie du tableau.
Cette victoire arrive au "bon moment"
afp: Vous sentez-vous soulagé?
ROGER FEDERER: Cela fait plaisir. Mais j'étais
tellement près de le battre à l'Open d'Australie et à Wimbledon que
je ne suis pas en train de me dire: ça y est enfin, je l'ai eu.
J'ai toujours été près de Rafa. Même après mes défaites, j'ai
toujours continué à y croire et ça paie. Après les défaites très
dures de cette saison, surtout en terme de niveau de jeu, c'était
vraiment le bon moment pour remporter ce genre de victoire.
Avez-vous appris quelque chose de nouveau sur le jeu de
Nadal?
ROGER FEDERER: Pas vraiment. Je sais tout de son
jeu. Ce n'est pas qu'il ait changé tant de choses. Il est solide
comme le roc. Il fait son truc de façon excellente. Il est celui
qui se déplace le mieux sur cette surface. C'est aussi un excellent
compétiteur, c'est ce qui le rend si difficile à battre. On sait ce
qu'il faut faire contre lui mais ce n'est pas si facile d'y
parvenir parce qu'il est extrêmement bon.
Avez-vous trouvé qu'il était plus lent que
d'habitude?
ROGER FEDERER: Pas vraiment. De toute façon, ma
philosophie c'est qu'une fois qu'on est entré sur le court il n'y a
plus d'excuses. Nous n'avons pas joué énormément de rallyes du fond
de court. Donc on n'a pas eu tellement l'occasion de voir s'il
était plus lent. (contrairement à Djokovic la veille) J'ai foncé
vers la ligne d'arrivée et tout était fini avant qu'il puisse
réagir.
L'altitude a-t-elle joué un rôle?
ROGER FEDERER: Nous avions tous les deux du mal à
contrôler la balle. Mais les conditions ne sont pas si extrêmes.
C'est intéressant de jouer sur terre battue à une altitude
différente. Cela permet de jouer plus agressif. On peut aller de
l'avant et ce n'est pas aussi facile de tirer des passing shots.
Sur d'autres surfaces, c'est tellement lent qu'on ne peut presque
pas monter au filet.
Est-ce que cette victoire va considérablement augmenter votre
confiance pour Roland-Garros?
ROGER FEDERER: Oui. J'ai toujours su que j'allais
devenir de plus en plus fort de semaine en semaine. J'ai travaillé
extrêmement dur et ça paie. Maintenant, je suis très impatient
d'aller à Roland-Garros. Il y a quelques semaines, je pouvais me
demander si j'étais capable de gagner le French, maintenant
évidemment tout a changé.
agences/rsch
La terre battue bleue fait débat
Le patron du nouveau tournoi de Madrid, Ion Tiriac, a déclaré dimanche qu'il ne renonçait pas à faire jouer l'épreuve sur de la terre battue bleue, malgré l'opposition de Rafael Nadal et Roger Federer.
"Le tournoi n'est pas fait seulement pour deux joueurs, mais aussi pour les générations futures. L'important est que les gens puissent voir les matches à la télévision dans les meilleures conditions possibles", a dit l'homme d'affaires roumain, ancien joueur de tennis professionnel, ajoutant qu'il allait tenter de "trouver un accord avec l'ATP".
Nadal avait vivement rejeté l'idée de jouer sur un terrain bleu, au nom de la tradition. "La saison sur terre battue a une longue histoire et le court doit être rouge, pas bleu. Dans le sport et le tennis, tout n'est pas du business", avait-il dit juste avant le tournoi.
Les organisateurs ont disposé sur un des terrains d'entraînements, à titre de démonstration, une terre battue teinte en bleue pour permettre aux joueurs de la tester. Disputé auparavant à l'automne, sur dur et en salle, le tournoi de Madrid a été déplacé au mois de mai et sur terre battue pour devenir la principale épreuve de préparation à Roland-Garros.
afp
ATP Madrid, finale
R.FEDERER SUI/2 b. R.Nadal ESP/1 6-4 6-4
LES 10 DERNIERES FINALES DE FEDERER
2008 (4/8)
Estoril: FEDERER bat Davydenko (RUS) 7-6 1-2 w.o.
Monte Carlo: Federer perd c. Nadal (ESP) 5-7 5-7
Hambourg: Federer perd c. Nadal 5-7 7-6 6-3
Paris: Federer perd c. Nadal 1-6 3-6 0-6
Halle: FEDERER bat Kohlschreiber (ALL) 6-3 6-4
Wimbledon: Federer perd c. Nadal 4-6 4-6 7-6 7-6 7-9
US Open: FEDERER bat Murray (GBA) 6-2 7-5 6-2
Bâle: FEDERER bat Nalbandian (ARG) 6-3 6-4
2009 (1/2)
Melbourne: Federer perd c. Nadal 5-7 6-3 6-7 6-3 2-6
Madrid: FEDERER bat Nadal 6-4 6-4
LA PAROLE AU VAINCU
"Que ce soit mauvais d'avoir joué quatre heures la veille, c'est sûr. Je suis arrivé plus fatigué que lui sur le court, c'est vrai aussi. Mais s'il n'a joué qu'1h 20 en demi-finale, c'est parce qu'il a été meilleur que moi hier. C'est le sport. Il a été meilleur que moi et a mérité de gagner beaucoup plus que moi. Le court était très rapide. Cela l'a aidé. Il y a des balles qui ne suffisent pas pour faire le point sur d'autres terres battues et qui suffisent ici. J'ai joué court, j'ai fait des erreurs et il en a bien profité. Selon moi, ce tournoi n'a rien à voir avec Paris, c'est presque une autre surface".