Persuadé de posséder la tactique, les coups et le physique
nécessaires pour mettre à mal la domination de Rafael Nadal, Roger
Federer doit déchanter. Le Bâlois, qui avait tout de même ravi un
set à l'Espagnol dans leurs trois premiers face-à-face parisiens
(demi-finale 2005, finales 2006 et 2007), n'inscrivait au final que
quatre petits jeux et 52 points...
C'est simplement la deuxième fois de sa carrière que Federer
encaisse un 6-0 en Grand Chelem. Sa première «roue de vélo» avait
été concédée à Roland-Garros déjà, au 1er tour de l'édition...
1999. Mais il s'adjugeait alors tout de même un set face à Patrick
Rafter, s'inclinant 5-7 6-3 6-0 6-2 pour ce qui fut le premier de
ses 173 matches joués dans un tournoi majeur.
Le match parfait
Acquis à la cause du Bâlois, le public du court Philippe
Chatrier a donc assisté à une exécution sommaire de 108'. Impérial
depuis le début du tournoi, Rafael Nadal faisait subir au numéro un
mondial le même sort qu'à ses six précédentes victimes parisiennes.
Intouchable, le Majorquin ne commettait au total que 7 (!) fautes
directes. Il s'excusait même après avoir reçu son trophée ! «Je
suis très heureux. J'ai réussi le match presque parfait», lâchait
il après ce qu'il convient d'appeler une mise à mort.
Roger Federer n'avait en effet pas la moindre chance dans cette
finale. Transpercé la plupart du temps quand il s'aventurait au
filet, lâché par un coup droit dont il a le plus grand besoin pour
prendre l'échange à son compte, il ne faisait illusion qu'au milieu
du deuxième set. Poussé par un public qui en voulait plus, l'homme
aux douze titres du Grand Chelem réussissait son seul break de la
partie pour revenir de 0-2 à 2-2.
Le Bâlois ratait le coche à 3-3 à la relance: à 30/40, après une
mauvaise amortie exécutée par Rafael Nadal, il négociait mal un
revers qui lui aurait permis de prendre pour la première fois les
commandes dans cette finale. «Ce fut ma meilleure chance, mais cela
n'aurait peut-être rien changé», reconnaissait Roger Federer qui,
abattu voire dégoûté par la maîtrise et l'efficacité affichées par
son adversaire du premier au dernier point, concédait les neuf
derniers jeux du match.
Nadal dans l'histoire
Rafael Nadal devient ainsi le deuxième
joueur de l'histoire à s'adjuger quatre titres d'affilée à la Porte
d'Auteuil après Björn Borg (1978-1981), qui lui a d'ailleurs remis
son trophée. Le gaucher majorquin a par ailleurs enlevé tous ses
matches en trois sets secs, exploit que seul le légendaire suédois
avait jusque-là réussi à Paris (en 1978 et 1980). En ne perdant que
41 jeux, soit une moyenne de 5,85 par match. Tout simplement
hallucinant!
L'Espagnol va donc pouvoir aborder la saison sur gazon avec un
moral d'acier. Battu par Roger Federer en finale à Wimbledon les
deux années précédentes, il sera sans doute plus dangereux que
jamais sur les courts de Church Road. Roger Federer se réjouit
quant à lui de retrouver une surface où il est invaincu depuis
2003. Mais le quintuple tenant du trophée londonien, qui n'a pas
gagné de tournoi important cette année, aura-t-il digéré ce cuisant
échec d'ici le début des All England Championships?
si/tou
Roland-Garros, finale
R.Nadal ESP/2 b. R.Federer SUI/1 6-1 6-3 6-0
.
1/2
R.Federer SUI/1 b. G.Monfils FRA 6-2 5-7 6-3 7-5
R.Nadal ESP/2 b. N.Djokovic SRB/3 6-4 6-2 7-6
Les déclarations
Roger Federer: "C'est une défaite difficile à encaisser. Je ne m'attendais pas à ça. Le score est dur, c'est sûr. Il a été bon aujourd'hui. C'est peut-être le "Rafa" le plus fort que j'ai jamais vu. Il a fait un tournoi énorme, il a dominé tout le monde. Je ne peux que le féliciter car ce n'était pas facile pour lui non plus. Il avait beaucoup de pression sur les épaules et la façon dont il l'a gérée montre qu'il est un grand champion.
Il a beaucoup progressé depuis notre premier match ici en 2005. Il joue comme il veut depuis le fond du court. Grâce à son déplacement c'est comme s'il avait deux coups droits. Il a énormément progressé en retour de service car je ne pense pas avoir mal servi aujourd'hui. Quand il breake sans arrêt ça devient difficile. Lorsqu'il a mené 2 sets à 0 et 4-0 ce n'était pas trop drôle, j'avoue.
Je n'aurais évidemment pas très envie de le rejouer demain. Mais j'y crois toujours. A la limite, c'est plus facile de perdre comme ça. Je suis déjà satisfait d'être revenu à un tel niveau après ma maladie. Je trouve les moyens de rester positif. J'ai été solide pour arriver jusqu'en finale et ça me donne une grande satisfaction.
Je suis confiant que ma deuxième moitié de saison sera encore meilleure que la première. "Rafa" joue très bien sur terre battue mais la terre battue c'est fini maintenant. Cette défaite n'aura aucun effet sur ma confiance sur gazon. Je n'y ai plus perdu depuis six ans et je vais encore être le grand favori à Wimbledon. "Rafa" je lui ai également déjà mis un 6-0, à Wimbledon, alors... Jose (Higueras, son entraîneur), viendra à Halle et à Wimbledon, pour la suite on verra."