Rarement un tournoi aura eu une importance historique aussi
grande, car si Roger Federer l'emporte pour la sixième fois à
Wimbledon, il battra, avec quinze trophées, le record de victoires
en Grand Chelem qu'il détient avec Pete Sampras depuis son triomphe
à Roland-Garros.
Il s'agirait de la conclusion d'un foudroyant renversement de
tendance, alors qu'il y a moins de deux mois Federer avait un
énorme déficit à combler sur Rafael Nadal, qui l'avait fait tomber
de son piédestal pendant l'été 2008, après 237 semaines de
suprématie. Battu en finale de l'Open d'Australie par Nadal et très
décevant pendant l'hiver et le début du printemps, le Bâlois
paraissait engagé sur la voie du déclin, jusqu'à une subite
renaissance au tournoi de Madrid, à la mi-mai.
Depuis, le Majorquin a été rattrapé par ses soucis physiques,
pendant que Federer, qui n'avait jamais cessé de croire en lui-même
malgré l'accumulation des échecs, retrouvait son tennis et le goût
de la lutte.
Archi favori
En bouclant sur la terre battue
parisienne le dernier Grand Chelem manquant à sa carrière, Federer
s'est libéré d'un poids psychologique énorme. Il se présente à
Londres en archi favori, comme aux plus belles heures de son
quintuplé (2003-2007).
Car nulle part Federer ne se sent plus à l'aise que dans le
mythique stade londonien, doté pour la première fois cette année
d'un toit rétractable translucide qui permettra de continuer à
jouer quelles que soient les conditions météo. Wimbledon est le
tournoi que Federer chérit entre tous, celui où son extraordinaire
aventure a commencé en 2003, avec une première victoire en Grand
Chelem, et celui où son jeu d'attaque s'exprime le mieux.
Murray le grand rival
Dès le lendemain de sa défaite face à Nadal l'année dernière,
dans une finale qui restera comme un des plus grands matches de
l'histoire, il avait fait de la reprise du trophée sa priorité
absolue. Fatigué après sa quinzaine parisienne, Federer a préféré
renoncer à son traditionnel tournoi de préparation à Halle, et se
présentera à Londres sans avoir disputé de match officiel sur
gazon.
Rien d'inquiétant pour le no2 mondial qui avait choisi la même
option en 2007 pour remporter son cinquième titre dans la deuxième
de ses trois finales d'affilée disputées contre Nadal. Il a
largement eu le temps de se roder dans le match d'ouverture, lundi
sur le Central face au Taïwanais Lu Yen-Hsun , qu'il a battu aisément en trois sets.
Il ne devrait pas rencontrer trop de difficultés lors des tours
suivants jusqu'à un éventuel remake de la finale de Roland-Garros
contre le Suédois Robin Soderling en huitièmes.
En l'absence de Nadal, c'est Andy Murray, vainqueur au Queen's la
semaine dernière, qui est devenu son principal rival. Comme les
deux hommes ne sont pas tombés dans la même partie du tableau, tout
est en place pour que le tournoi se termine par la finale idéale le
5 juillet.
S'il sait faire face à l'énorme pression qui pèse sur ses épaules,
l'Ecossais, en position de devenir le premier vainqueur Britannique
depuis Fred Perry en 1936, a les arguments pour contrecarrer les
ambitions du Suisse, au moins sur surface rapide, comme le montre
le bilan de leurs duels. Sur huit affrontements, Murray s'est
imposé six fois, dont les quatre dernières.
Derrière ces deux têtes d'affiche, le Serbe Novak Djokovic fait
figure de premier outsider. La cote de tous les autres prétendants
(Roddick, Del Potro, Tsonga) est très élevée.
afp/bao
Federer premier sur le Court central lundi
Roger Federer sera le premier à jouer sur le Court central face au joueur de Taïwan Yen-Hsun Lu, pour l'ouverture du tournoi 2009, lundi. Ce privilège revient d'habitude au vainqueur de l'année précédente, en l'occurence Rafael Nadal, qui, souffrant des genoux, a dû déclarer forfait. Les responsables du tournoi ont donc décidé de faire jouer lundi la deuxième moitié du tableau en simples hommes et dames.
"Aller cueillir des fraises"
Un sacre du Britannique Andy Murray à Wimbledon ferait perdre 3,5 millions d'euros à l'industrie du paris de son pays, une somme record, a estimé samedi un des principaux bookmakers de la place, Ladbrokes.
"Murray nous fait passer depuis plusieurs mois des nuits sans sommeil. On n'ose penser à une victoire pour lui", selon un porte-parole de Ladbrokes, Robin Hutchison. "S'il gagne dans deux semaines, on ferait peut-être mieux d'abandonner le sport et d'aller cueillir des fraises."
Si les gros parieurs traditionnels misent plutôt sur Roger Federer après l'annonce du retrait de Rafael Nadal, "les patriotes adeptes du billet de dix livres et les jeunes sont sur Murray", selon Hutchison. "Il serait le pire résultat dans l'histoire de l'industrie du pari en tennis".
Le forfait de Nadal a surtout profité à Federer et Murray, le premier restant l'immense favori avec une cote de 8 contre 11, tandis que le second est à 7 contre 4. Les autres sont loin derrière: Novak Djokovic à 9 contre un, Andy Roddick et Juan Martin del Potro à 16 contre un, Jo-Wilfried Tsonga à 25 contre un.
Un début de "Murraymania" apparaît en Grande-Bretagne où l'Ecossais a longtemps peiné à gagner les coeurs de ses compatriotes. Il a l'ambition de devenir le premier Britannique à remporter un tournoi du Grand Chelem depuis le début de l'ère Open en 1968.
Wimbledon: 10 derniers vainqueurs
2008: Rafael Nadal ESP
2007: Roger Federer SUI
2006: Roger Federer SUI
2005: Roger Federer SUI
2004: Roger Federer SUI
2003: Roger Federer SUI
2002: Lleyton Hewitt AUS
2001: Goran Ivanisevic CRO
2000: Pete Sampras USA
1999: Pete Sampras USA
1998: Pete Sampras USA