Roger Federer (no 2) est désormais l'unique recordman des titres
en Grand Chelem. Le Bâlois de 27 ans a effacé des tablettes Pete
Sampras en décrochant son 15e trophée majeur dimanche à Wimbledon.
Il s'est imposé pour la 6e fois en 7 ans à Londres en battant Andy
Roddick (no 6) 5-7 7-6 (8/6) 7-6 (7/5) 3-6 16-14. «C'est un
moment incroyable de ma carrière. La chance était de mon côté.
C'était un match fou. Ma tête tourne encore», lâchait-il après
avoir reçu son trophée préféré au terme d'une finale incroyable qui
durait 4 h 16'. «Quinze Grands Chelems, c'est un des plus
grands records. Revenir en forme, gagner à Paris, ici, c'est un
sentiment étonnant. Je sais ce qu'Andy ressent. Je suis ravi de
retrouver cette Coupe», un an après la défaite traumatisante
subie en finale face à Rafael Nadal (9-7 au cinquième set).
Au bord du k.o
Quatre semaines après avoir
enfin triomphé à Roland-Garros, Roger Federer récupère ainsi le
premier rang mondial qu'il avait cédé à Rafael Nadal le 18 août
2008 après 237 semaines d'un règne ininterrompu. Le Bâlois, qui
s'en est avant tout sorti grâce à son extraordinaire première balle
de service (50 aces, son record), signait son unique break dans
l'ultime jeu du plus long set de sa carrière (et de l'histoire des
finales du Grand Chelem avec 1 h 35').
Andy Roddick craquait en commettant deux fautes directes de rang
pour offrir la victoire à son adversaire. Il était 19h28. Sous les
yeux de Pete Sampras, Rod Laver et Björn Borg (36 titres du Grand
Chelem à eux trois) notamment, Roger Federer s'était pourtant
retrouvé au bord du k.o. à deux reprises face à un Andy Roddick
admirable.
Mené 2/6 dans le jeu décisif du deuxième set, il empochait six
points de suite, Roddick le relançant en manquant notamment une
volée haute de revers apparemment facile à 5/6. Quatrième joueur de
l'ère Open à signer le doublé Roland-Garros/Wimbledon la même année
(après Laver, Borg et Nadal), le Bâlois devait surtout faire face à
deux balles de break qui avaient le poids de balles de match à 8-8
dans la cinquième manche.
L'hommage de Sampras
En 2003, Roger Federer disputait son 17e
tournoi du Grand Chelem lorsqu'il triomphait pour la première fois
à Londres aux dépens de Mark Philippoussis en finale. Le Bâlois (27
ans le 8 août), qui rejoint par ailleurs Andre Agassi au 7e rang du
classement des joueurs les plus titrés de l'histoire avec ce 60e
sacre, aura mis tout juste six ans pour déloger Pete Sampras de son
piédestal. Le septuple champion de Wimbledon Pete Sampras, qui
n'était plus venu à Church Road depuis sa défaite concédée au 2e
tour de l'édition 2002 face à George Bastl, avait pour sa part vécu
son premier sacre (US Open 1990) lors de sa huitième apparition
dans un tournoi de cette catégorie.
Mais «Pistol Pete», qui n'a jamais triomphé à Roland-Garros,
s'adjugeait son ultime titre du Grand Chelem (US Open 2002) douze
ans plus tard à 31 ans, à l'issue d'un tournoi qui fut le dernier
de sa carrière. «Roger est une légende, une icône»,
lâchait Pete Sampras au micro de la BBC. «Il est un joueur et
un gars formidable, un homme humble. Tout semble si facile pour
lui. Il a tout pour lui. Il a la foi, et est une bénédiction pour
ce sport. Il n'a que 27 ans et il va jouer encore quelques années.
Il peut aller à 18, 19 titres. Les observateurs parlent de Rod
Laver ou de Rafael Nadal, mais quand on regarde son palmarès, pour
moi le plus grand c'est Roger.»
LA FINALE DE TOUS LES SUPERLATIFS
La finale remportée 5-7 7-6 7-6 3-6 16-14 par Roger Federer face à
Andy Roddick dimanche à Wimbledon fut vraiment celle de tous les
superlatifs. Elle est la plus longue de l'histoire des finales de
Grand Chelem concernant le nombre de jeux (77). Le précédent record
en la matière datait de la finale de l'Open d'Australie 1927 (71
jeux). La précédente marque de référence à Wimbledon avait été
établie l'an dernier, lorsque Rafael Nadal avait battu Roger
Federer 9-7 au cinquième set (62 jeux au total).
L'ultime set joué par Federer et Roddick est également le plus
long cinquième set en nombre de jeux dans les finales majeures (30,
contre 20 pour le précédent record remontant à l'édition 1927 de
Roland-Garros). Ces 30 jeux en font en outre la manche la plus
longue jouée à Wimbledon dans toute l'histoire du simple messieurs.
En claquant 50 aces (son record personnel), Roger Federer a manqué
de peu un autre record: seul Ivo Karlovic a réussi plus d'aces en
un match sur le gazon anglais (51, réussis face à Daniele Bracciali
en 2005).
Federer a tout de même signé le quatrième meilleur total de
l'histoire du tennis, derrière Karlovic (55 face à Lleyton Hewitt à
Roland-Garros, et 51 à Wimbledon) et Joachim Johansson (51 face à
Andre Agassi à Melbourne en 2005)! Et le Bâlois est devenu le
premier joueur à remporter un match en ayant armé 50 aces ou
plus.
agences/tai
Wimbledon, finale messieurs
R.Federer SUI/2 b. A.Roddick USA 5-7 7-6 7-6 3-6 16-14
Roger Federer seul au monde
Ne vous y méprenez pas, Roger Federer n'a rien d'un naufragé, perdu seul sur une île déserte, à l'image de Tom Hanks dans le film sorti en 2000.Avec son ami "Wilson" à la main, le Bâlois, qui devient un point à l'horizon des records pour ses adversaires, est aujourd'hui sans égal au monde, sur sa planète. Déjà élevé au statut de meilleur joueur après son premier sacre à Roland-Garros il y a un mois, le désormais sextuple roi de Wimbledon a confirmé qu'il est l'unique champion de la balle jaune. Ce 60e titre de sa carrière est un nouveau tournant pour Roger, qui est parti pour écrire une nouvelle histoire...
La marque la plus significative
Après le 2 juillet 2001, il y a désormais le 5 juillet 2009. Son succès en 5 sets en 1/8 de Wimbledon sur Pete Sampras (qui est leur seule confrontation officielle) devient ainsi encore plus symbolique. Aujourd'hui, l'incroyable record des 14 titres en Grand Chelem de l'Américain est bel et bien tombé. Avec ce 15e sacre majeur, le Suisse a battu la marque la plus significative. Mais le Bâlois ne veut pas s'arrêter là. S'il veut définitivement surpasser Sampras, qui a gagné 7 sacres à Londres et 64 titres, il doit encore passer 49 semaines comme no1 mondial pour égaler les 286 semaines de l'ancien champion.
A nouveau sur le trône
Après avoir perdu sa place de no1 le 18 août dernier au détriment de Rafael Nadal (qui est absent sur blessure), Roger Federer siège à nouveau sur le trône de la hiérarchie mondiale. Même si dans les esprits de ses adversaires, il est toujours resté le patron du tennis. Le Bâlois, qui a déjà passé 237 semaines au sommet, qu'il avait atteint le 2 février 2004, mérite bien ce rang. Après une année 2008 difficile, le maître est redevenu le "monstre" assoiffé de records qu'il a créé lors de son règne. Désormais, cette créature n'a plus rien à prouver, juste quelques blancs à gommer: JO en simple et Coupe Davis!
Sébastien Clément