L'adrénaline monte doucement à New York. Au lendemain du passage
en force de Rafael Nadal contre Gaël Monfils, Roger Federer a été,
à son tour, le protagoniste d'une «night session» qui restera dans
les annales de l'US Open. Tout en jouant selon son propre aveu «un
tennis de rêve», le Bâlois s'est retrouvé à un point d'un cinquième
set de tous les dangers contre Robin Soderling (no 12) à... 00h06.
Il a su le gagner sur un retour en coup droit «out» du Suédois sur
une seconde balle pour s'imposer finalement 6-0 6-3 6-7 (6/8) 7-6
(8/6).
Un record imbattable
Cette victoire, la douzième qu'il signe devant le Suédois, lui
permettra de disputer samedi face à Novak Djokovic sa vingt
deuxième demi-finale de rang dans un tournoi du Grand Chelem.
L'homme qui battra ce record n'est certainement pas encore né.
"Il ne s'agit pas du record le plus important de ma carrière.
Mais c'est l'un des plus significatif à mes yeux", avoue Roger
Federer. On rappellera qu'il n'a plus été battu avant les
demi-finales d'un tournoi majeur depuis Roland-Garros 2004 et cette
défaite 6-4 6-4 6 4 au troisième tour devant Gustavo Kuerten.
Ce quart de finale face à Soderling, disputé dans des rafales de
vent, fut pendant une heure un véritable monologue. Ce fut du très
grand Federer. "Je ne l'avais jamais dominé de la sorte",
glisse le Bâlois. Incapable de «tenir» le score lors des deux
premier sets malgré un niveau de jeu très acceptable, Robin
Söderling a laissé éclater toute sa frustration en fracassant sa
raquette après avoir commis une double-faute à 5-2 15-15 au
deuxième set. Avec la même fureur qui avait saisi Roger Federer ce
printemps à Miami contre Novak Djokovic.
Soderling retrouve vie dans le 3e set
Un troisième «couac» Ce geste presque de
désespoir lui a fait le plus grand bien. Le finaliste de
Roland-Garros pouvait se hisser au niveau de son adversaire pour
offrir aux spectateurs un «vrai» match qu'ils n'espéraient plus. A
la fois relâché et inspiré, il retournait une situation impossible
dans le tie-break du troisième set. Il l'a remporté 8-6 après avoir
pourtant été mené 4-0...
Comme à Montréal face à Jo-Wilfried Tsonga et comme quatre jours
plus tôt contre Lleyton Hewitt, Roger Federer a perdu ainsi un set
qu'il n'aurait jamais dû perdre. Ce manque de réalisme a le mérite
de lui rappeler une vérité première dans le tennis: un match peut
tourner très vite. "Surtout face à un adversaire qui jouait
aussi bien, ajoute le Bâlois. Me retrouver dans un
cinquième set sans avoir perdu une seule fois mon service aurait
été sans doute dur à avaler. Mais il n'y avait aucune raison de
paniquer dans la mesure où je jouais vraiment très
bien".
Son niveau de jeu fut, en effet, remarquable dans ce vent qui
aurait pu rendre fou n'importe quel joueur. Il a notamment servi à
la perfection, avec dix-neuf jeux gagnés sur dix-neuf. Ses
statistiques dévoilent 66% de réussite en première balle pour un
total de 28 aces. S'il conserve le même rythme sur son service ce
week-end, le seizième titre du Grand Chelem, le sixième de rang à
New York, sera au bout de sa raquette.
Djokovic passe en 4 sets
Novak Djokovic (no 4) s'est qualifié pour la troisième année
consécutive pour les demi-finales de l'US Open. Le Serbe s'est
imposé en quatre sets, 7-6 1-6 7-5 6-2, devant Fernando Verdasco
(no 11). Djokovic n'a pas laissé une très grande impression dans
cette rencontre. Souvent dominé dans l'échange par le gaucher
valencien, il n'a pas vraiment convaincu. Seulement, le gain de la
première manche fut capital. Il l'obtenait au jeu décisif après
avoir dû écarter deux balles de set à 5-4 sur son service.
Trop irrégulier, Verdasco a lâché prise dans les derniers jeux du
troisième set. Dans ce moment clé de la rencontre, Verdasco a
creusé sa propre tombe en commettant des bourdes énormes. Il fut
finalement loin à New York d'évoluer dans le registre qui avait été
le sien en janvier à l'Open d'Australie. Où il avait livré une
demi-finale extraordinaire contre Rafael Nadal.
Le Serbe peut devenir no 2 mondial s'il gagne le tournoi et si
Nadal s'incline jeudi soir contre Fernando Gonzalez.
si/ggol
US Open: 1/4 de finale messieurs
R.Federer SUI/1 b. R.Soderling SWE/12 6-0 6-3 6-7 7-6
N.Djokovic SRB/4 b. F.Verdasco ESP/10 7-6 1-6 7-5 6-2
F.Gonzalez CHI/11 - R.Nadal ESP/3
JM.Del Potro ARG/6 - M.Cilic CRO/16
Djokovic fait la cour aux Américains
Désigné ennemi public no 1 l'an dernier à New York après sa victoire contre Andy Roddick qui l'avait traité avec raison de malade imaginaire, Novak Djokovic s'est lancé dans une opération de charme. Le prochain adversaire de Roger Federer fait tout pour regagner l'estime du public américain.
Sa première décision fut d'enrôler dans son staff l'ancien joueur Todd Martin, finaliste à New York il y a dix ans exactement face à Andre Agassi. "Todd était un très grand attaquant. Il doit me permettre de jouer d'une manière plus agressive encore, souligne Djokovic. Nous avons deux tempéraments opposés. Todd est quelqu'un de très calme. Il peut m'apporter sa sagesse".
Il a, ensuite, réussi à mettre le public dans sa poche lundi soir lors de son huitième de finale contre Radek Stepanek. Sa recette: imiter John McEnroe avant de le prier de quitter son poste de commentateur pour venir jouer quelques points. "Rien n'a été planifié, je vous le jure, affirme Djokovic. L'idée m'est venue comme ça".
Puis, mercredi lors de son quart de finale contre Fernando Verdasco, le no 4 mondial avait convié dans son box des enfants de victimes du 11 septembre. "Je ne voulais pas en parler publiquement. Mais c'est vrai, j'ai rencontré quatre enfants. Leur destin me touche dans la mesure où j'ai connu la guerre il y a dix ans en Serbie, explique-t-il. Je m'efforce de leur apporter un peu de joie".
Mais malgré tous ses efforts, Novak Djokovic sera très loin de bénéficier samedi du même soutien que Roger Federer, dont la cote d'amour n'a jamais été aussi forte. Le public et les organisateurs ne souhaitent qu'une seule chose: une sixième victoire de rang du Bâlois. "On nous accuse de lui offrir toutes les facilités dans la programmation de ses matches, glisse un membre de la Fédération américaine. Ce reproche est sans doute fondé. Mais nous assumons pleinement!"