Federer, maître indispensable mais pas sûr d'être là

L'équipe de Suisse de Coupe Davis ne s'est pas enlisée dans la
terre battue génoise en barrage du groupe mondial. Mais il fallait
bien un Roger Federer impérial pour éviter aux Helvètes de
connaître une deuxième relégation en trois ans.



L'Italie aurait bien pu réintégrer le groupe mondial si elle avait
affronté une Suisse "bis". Roger Federer en était bien conscient au
moment d'enfiler son bleu de travail dès son retour de New York.
Une défection aurait pourtant été compréhensible pour un joueur
battu en cinq sets lundi dernier en finale de l'US Open, et qui
s'était qui plus est légèrement blessé à la jambe droite dans cette
finale.

Quelle équipe au 1er tour?

Sans son numéro un mondial, l'équipe helvétique n'a pas
(encore?) suffisamment de cordes à ses raquettes pour espérer se
frayer un chemin dans le groupe mondial. La formidable aventure
vécue cette année par Israël, demi-finaliste, ne doit pas être un
leurre. Stanislas Wawrinka n'avait pas les moyens de conquérir
trois points. Il a livré un double catastrophique aux côtés de
Marco Chiudinelli, et a grandement profité des problèmes gastriques
(psychologiques?) d'Andreas Seppi pour placer la Suisse sur les
bons rails vendredi.



Le tirage au sort de l'édition 2010, prévu mercredi à Genève,
s'annonce plus crucial que jamais. Un déplacement en Argentine ou
en Espagne au 1er tour (5-7 mars) s'effectuerait probablement sans
Roger Federer, voire même sans Stanislas Wawrinka. La compagne du
Vaudois attend un heureux événement pour la fin du mois de février,
et il y a fort à parier que le Vaudois renoncera à un voyage trop
important pour vivre la naissance de son premier enfant.

Un nouveau record en vue

Quant à Roger Federer, il a planté le décor dès la conférence de
presse d'après-match dimanche. "Il sera difficile de jouer le
coup à fond en Coupe Davis tout en cherchant à rester numéro un. Je
devrais alors probablement renoncer à certains Masters 1000",
a lâché l'homme aux 15 trophées du Grand Chelem, qui songe
désormais à battre un nouveau record détenu pour l'heure par Pete
Sampras: celui du nombre de semaines passées au sommet de la
hiérarchie mondiale. Le Bâlois entame ce lundi sa 249e semaine en
tête du classement ATP, alors que l'Américain aux 14 titres majeurs
avait passé au total 280 semaines au premier rang mondial.



Roger Federer a mis près d'un an pour retrouver le sceptre que
Rafael Nadal lui avait ravi, on imagine donc mal le maître du jeu
remettre à plus tard ses rêves de record. Le Bâlois a, qui plus
est, réaffirmé dimanche au micro de la TSR qu'il avait toujours
l'intention de jouer pendant de nombreuses années.

L'exemple croate

L'objectif principal pour 2010 restera donc sans doute le
maintien dans le groupe mondial. La quête du titre olympique pour
la paire Federer/Wawrinka avait fait renaître les rêves de Saladier
d'Argent. Ce rêve ne prendra probablement pas non plus forme en
2010, mais ce n'est que partie remise. Stanislas Wawrinka peut donc
poursuivre sa progression en toute quiétude. Avant de rêver de
sacre en Coupe Davis, il doit absolument passer à la vitesse
supérieure et remporter enfin les grands matches qui lui ont
jusqu'ici échappés, comme cela fut le cas en 8e de finale à
Wimbledon face à Andy Murray.



Ivan Ljubicic et Mario Ancic avaient prouvé en 2005 qu'il était
possible de remporter le Saladier d'argent en n'alignant que deux
joueurs. Les deux Croates n'étaient pas plus performants que
Federer et Wawrinka, ni en simple ni en double. Solides sur toutes
les surfaces, le Bâlois et le Vaudois sont capables de venir à bout
de n'importe quelle équipe. Même l'Espagne à domicile ne
constituerait pas un obstacle insurmontable. A condition que les
résultats de Stan soient enfin à la hauteur de son talent et de sa
hargne.



si/dbu