Incroyable Fernando Gonzalez! En 11 matches, le Chilien n'avait
jamais battu Roger Federer. Pis, il ne lui avait même pris que deux
sets. Au Masters de Shanghai, il a donc créé une énorme surprise,
s'imposant 3-6 7-6 7-5! Pour Roger Federer, qui avait pourtant
réussi une entame de match idéale en menant rapidement 3-0, il
s'agit de la première défaite en match de poule d'un Masters, à sa
sixième participation.
Cette double première confirme que Federer est moins rayonnant
cette année que par le passé. Vainqueur de sept tournois
"seulement", il fait nettement moins bien qu'en 2006 (12) et 2005
(11) et a enregistré lundi sa neuvième défaite de la saison, là
aussi son pire bilan depuis trois saisons. Roger Federer
(re)découvre également le lot qui est le quotidien de la grande
partie des joueurs de tennis: perdre deux matches de suite, ce qui
ne lui était plus arrivé depuis le printemps... 2003. Le Bâlois
restait, faut-il le rappeler, sur une défaite avant de se rendre en
Chine avec ce huitième de finale perdu à Paris-Bercy devant sa
"bête noire" David Nalbandian.
Plus le droit à l'erreur
Pour aller en demi-finale du Masters cette année, il lui faudra
sans doute remporter ses deux derniers matches, mercredi face à
Nikolay Davydenko et vendredi contre Andy Roddick. Le Suisse ne
s'est encore jamais incliné face à Davydenko en dix rencontres et
mène 14-1 dans ses confrontations avec Roddick. Mais il n'avait
encore jamais perdu contre Gonzalez non plus...
Lundi, le Chilien, 7e joueur mondial, a joué un tennis fantastique
à partir de la fin du premier set. Intimidé au début, il n'a pas pu
remonter un déficit initial de trois jeux. Mais dès le début du
deuxième set, il s'est mis à frapper des coups gagnants des quatre
coins du court, retrouvant un niveau proche de celui qui lui avait
permis de se hisser jusqu'en finale de l'Open d'Australie en
janvier.
Roddick revient fort
Dans l'autre match du groupe rouge,
Andy Roddick est venu à bout de Nikolay Davydenko en trois sets
(6-3 4-6 6-2). Dans cette rencontre entre le no4 et le no5 mondial,
c'est le moins bien classé qui a eu le meilleur, comme toujours
dans leurs confrontations, puisque Roddick mène désormais 5-0 dans
leurs face-à-face, même s'il a perdu son premier set.
L'Américain était pourtant parti pour s'imposer en deux manches
comme d'habitude en prenant le service de Davydenko dans le
septième jeu du deuxième set. Mais un réveil du Russe le priva des
quatre jeux suivants pour se retrouver embarqué dans un troisième
set où il rétablit l'équilibre grâce notamment à une énorme
première balle. Pour Roddick, il s'agit d'une victoire précieuse
dans un groupe où rôde sa bête noire Roger Federer, contre qui il
reste sur dix défaites de rang. Elle lui permet d'envisager avec un
certain optimisme une troisième demi-finale à un Masters après
celles de 2003 et 2004.
Possibles retrouvailles
Ce succès a également des vertus rassurantes pour l'Américain
qui, tracassé par divers pépins physiques, n'avait disputé qu'un
seul match sur le circuit ATP depuis l'US Open, à Lyon où il a
perdu d'entrée face à Fabrice Santoro. Il renforce également
l'avantage psychologique qu'il peut avoir sur Davydenko avant leurs
possibles retrouvailles en finale de la Coupe Davis à la fin du
mois à Portland.
Davydenko, demi-finaliste en 2005, a beaucoup plus fait parler
dans le cadre des matches truqués que par ses performances sur le
court, où il reste sur des résultats décevants depuis sa victoire à
Moscou début octobre.
agences/jab
Masters de Shanghai, groupe rouge
A.Roddick USA/5 b. N.Davydenko RUS/4 6-3 4-6 6-2
F.Gonzalez CHI/7 b. R.Federer 3-6 7-6 7-5
Classement (12.11)
1.Andy Roddick 1/2
2.Fernando Gonzalez 1/2
3.Roger Federer 1/0
4.Nikolay Davydenko 1/0
1+2 en demi-finales
"Je ne suis pas devenu plus vulnérable"
Roger Federer refuse de parler de déclin. Battu par Fernando Gonzalez, le numéro un mondial souligne surtout la performance de son adversaire, et compte se reprendre lors de la suite du tournoi.
- Quel sentiment éprouvez-vous après avoir perdu pour la première fois de votre carrière un match de poule dans un Masters?
ROGER FEDERER: C'est d'abord une défaite qui fait mal car je pense avoir bien joué et avoir eu le dessus pendant presque toute la partie. Perdre son service pour la première fois juste à la fin du match, c'est difficile à encaisser. Lâcher un match de poule, je ne l'ai jamais expérimenté. Normalement quand tu as perdu, tu t'en vas. C'est la seule défaite qu'on puisse se permettre sans compromettre ses chances de remporter le tournoi. C'est bizarre mais je compte bien me rattraper lors des deux suivants.
- Comment expliquez-vous votre défaite?
ROGER FEDERER: Il a vraiment joué un tennis excellent et tout le mérite lui en revient. D'un côté j'ai des regrets mais en fin de compte pas tant que ça. Car il a très bien servi dans les deux derniers sets et je ne peux rien me reprocher sur mes balles de break dans le troisième set. C'était presque indécent les coups qu'il a sorti à ces moments-là, les angles qu'il a trouvés.
- Avez-vous été surpris par son niveau de jeu?
ROGER FEDERER:Pas vraiment car ce n'était pas comme si je le rencontrais pour la première fois. Je l'ai joué dix, onze fois maintenant et avant ça en juniors. Son énorme coup droit je le connais donc depuis longtemps, aujourd'hui j'ai seulement été impressionné par sa régularité sur ce coup. Mais c'est surtout son revers qui m'a tué. Il a trouvé un nombre incroyable de lignes.
- Avez-vous eu un quelconque problème physique?
ROGER FEDERER: J'aimerais bien, comme ça j'aurais une excuse (rires). Non tout va bien.
- Vous n'avez jamais perdu contre autant de joueurs différents depuis que vous êtes no 1 mondial, est-ce que ça veut dire que la concurrence est devenue plus féroce?
ROGER FEDERER: Vous savez ce n'est pas facile de garder le même rythme comme je l'ai fait les deux années précédentes. Il ne faut pas perdre des yeux à quel point c'étaient des saisons exceptionnelles. C'est vrai que j'ai gagné plus de titres que cette année, mais j'ai quand même défendu ma position de no1 mondial et gagné trois tournois du Grand Chelem. Cela reste une année fantastique. Certains joueurs ou spectateurs pourraient penser que je suis devenu plus vulnérable. Je ne suis évidemment pas d'accord et j'ai envie de le souligner dès cette semaine et aussi l'année prochaine.