Il s'agirait de la 32e victoire en Coupe Davis pour les
Américains, leur première depuis 1995. Ces derniers n'ont jamais
été aussi près de mettre fin à la plus longue disette de leur riche
histoire avant le double de samedi.
Les Bryan favoris du double
Les frères Bryan en sont par ailleurs les grandissimes favoris
et les statistiques parlent en faveur des USA. En 107 ans de Coupe
Davis, il n'est arrivé qu'une seule fois qu'une équipe remonte un
déficit de 0-2 dans une finale, l'Australie en... 1939 aux
Etats-Unis. «On est bien», a réagi le capitaine US Patrick McEnroe.
Et la Russie pas bien du tout, ayant désormais besoin d'un petit
miracle pour devenir la première équipe depuis la Suède en 1998 à
conserver son titre.
«Ca va être très difficile maintenant», a concédé le capitaine
Chamil Tarpischev. Surtout si les joueurs américains continuent
d'afficher la même rage de vaincre qu'Andy Roddick et James Blake
vendredi. Survoltés par un public bouillant qui leur criait «Bring
it home boys» (ramenez-la à la maison), ils ont respectivement
battu Dmitry Tursunov (6-4 6-4 6-2) et Mikhail Youzhny (6-3 7-6 6-7
7-6) dans deux matches très différents mais empreints de la même
émotion.
"La plus belle victoire de ma carrière"
«Ce public qui s'est levé pour le dernier jeu du match, ça
constitue un des plus grands moments de ma carrière», a savouré
Roddick au terme d'une victoire pourtant facile face à un Tursunov
pétrifié par l'enjeu. «C'est la plus belle victoire de ma carrière,
je n'oublierai jamais», a surenchéri Blake quelques heures plus
tard après qu'il eut fini par mater Youzhny, beaucoup plus coriace
mais finalement aussi impuissant que son camarade face à la
motivation décuplée des Américains.
Après deux premiers sets maîtrisés, Blake a certes tremblé un peu
sur la fin, notamment lorsqu'il servait pour le match à 5-4 dans le
quatrième set. Mais la victoire n'en fut que plus belle pour
l'ancien étudiant de Harvard.
Trop de pression pour Tursunov
«Cela a ajouté une touche dramatique», a-t-il remarqué, ravi
d'avoir cloué le bec aux critiques qui le soupçonnaient d'être
«trop tendre» pour ce genre de rencontres. Si Blake n'a pas flanché
vendredi, c'est un autre protagoniste de la finale qui n'a pas
brillé par sa solidité mentale: Dmitry Tursunov. Dans un aveu rare
de sincérité le Moscovite, exilé en Californie depuis son
adolescence, n'a pas caché son désarroi.
«J'ai subi la pression, j'avais peur de rater, peur de jouer»,
a-t-il bredouillé, lui qui avait été préféré à Nikolay Davydenko,
4e mondial, malgré leurs trente places de différence au classement
ATP. Il restait pourtant sur une victoire d'homme face à Roddick
(17-15 au cinquième set) l'année dernière en demi-finale à
Moscou.
Roddick, l'as des aces
Mais cette rencontre avait eu lieu sur terre battue, une surface
qui neutralise le service surpuissant du n°1 américain. A Portland,
ça va bien plus vite et les statistiques de Roddick ont gonflé en
fonction: 25 aces et une seule balle de break à sauver, effacée
comme il se doit par un service gagnant.
Sa victoire était déjà de très bon augure pour les Etats-Unis qui,
depuis 1997 et quatorze rencontres, l'ont toujours emporté après
avoir gagné le premier simple. «Deux points à la fin de la journée
serait une position que je verrais d'un bon oeil», a préféré
souligner Roddick avant l'entrée sur le court de son pote James
Blake. Mission accomplie.
si/mor
Réactions
Patrick McEnroe (capitaine de l'équipe des Etats-Unis): "On est bien, c'est certain. Je suis vraiment heureux de la manière dont James (Blake) a géré la situation. Il a gardé une attitude positive de bout en bout. Il n'a rien lâché. Je pense que c'est un des meilleurs matches de sa carrière. C'était formidable aussi de voir Andy (Roddick), qui voulait tellement jouer cette finale, maîtriser ses émotions pour livrer une telle performance. Je suis extrêmement fier de mes gars. Concernant les frères Bryan, je ne suis pas certain qu'ils vont réussir à dormir cette nuit. Ils sont très motivés pour ne pas dire plus."
Chamil Tarpischev (capitaine de l'équipe de Russie): "On comptait davantage sur une victoire de Youzhny que sur une victoire de Tursunov et cela a failli se vérifier. Si le match était allé au cinquième set, je pense qu'on aurait gagné. Ca aurait changé beaucoup de choses. Mais Blake a connu plus de réussite. Maintenant ça devient évidemment très difficile. Les frères Bryan ont de très bonnes chances de gagner le double demain (samedi). Mais la balle est ronde (sic) donc tout est possible."
USA-Russie: le tableau
Vendredi :
Roddick - Tursunov 6-4 6-4 6-2
Blake - Youzhny 6-3 7-6 6-7 7-6
Samedi 21h30:
Bryan/Bryan - Andreev/Davydenko.
Dimanche 22h: Roddick - Youzhny, suivi de Blake - Tursunov.