Passé en quatre mois du 263e au 143 rang ATP, Stéphane Bohli a
connu l'une des plus fortes progressions au classement mondial. Son
nouveau coach Olivier Bourquin a modifié son approche du jeu et
fait du Genevois un titulaire probable et sans doute
indispensable.
"Stéphane a un potentiel énorme, supérieur à celui de bien des
joueurs du top 50. Si tout va bien, il devrait entrer prochainement
dans les 100 ou 80 meilleurs mondiaux", affirme le Jurassien
Olivier Bourquin, qui s'occupe de Bohli depuis août dernier.
Lorsque le joueur genevois, conseillé par son frère Raphaël, a
choisi de se reprendre en main, l'été dernier, il sortait d'une
série catastrophique: dix revers d'affilée au 1er tour entre avril
et juillet 2007, précédés de deux prestations "plus que douteuses"
(dixit Bourquin) en Coupe Davis face à l'Espagne, à Genève. Contre
David Ferrer et Fernando Verdasco, Bohli avait été laminé sans
jamais gagner plus de trois jeux sur les six sets disputés.
En revenir au naturel
Cette double exécution, ajoutée à des ennuis de santé à
répétition (dos, cheville...) et au fait que le Genevois n'avait
jamais vraiment confirmé les espoirs nés de son titre mondial chez
les minimes (M14) à l'Orange Bowl il y a dix ans, ont incité
certains à condamner définitivement la carrière du joueur. Dans
cette période sombre, "nous avons choisi d'en revenir aux qualités
naturelles de base de Stéphane", explique Olivier Bourquin.
Autrement dit, "retrouver un tennis tourné vers l'avant, couper
les trajectoires, prendre la balle plus tôt... Nous avons travaillé
d'abord les points forts, en modifiant aussi la position au
service, qui est redevenu une arme".
Peu de points à défendre
A 24 ans, Bohli semble avoir retrouvé une motivation toute
neuve, d'autant qu'il dispose en Stanislas Wawrinka d'un partenaire
d'entraînement de choix, un copain qui plus est. Jusqu'au mois
d'août, le Genevois n'aura qu'une quinzaine de points à défendre,
de quoi envisager un nouveau bond à l'ATP.
Après deux tournois Challengers à Besançon et Cherbourg, Bohli
tentera sa chance ce printemps dans les qualifications des Masters
Series d'Indian Wells et Miami, mais fera quasiment l'impasse sur
la saison de terre battue. En espérant pouvoir enfin bientôt fêter
un premier succès sur le grand circuit, lui qui ne s'est illustré
jusqu'à présent que sur les Challengers (4 finales, 0 succès) et
les Futures (7 finales, 5 titres).
De plus en plus offensif, débarrassé de soucis financiers grâce à
l'appui d'un mécène, Bohli peut encore espérer percer sur le tard,
à l'un image d'un Marc Gicquel passé 38e mondial l'an passé (son
top) à 30 ans, estime Olivier Bourquin. Pour le déclic
psychologique "ultime", il faudra peut-être une première victoire
en finale.
si/tai
Alimentation et mental
Nutritionniste, entraîneur et diplômé d'éducation physique, Olivier Bourquin, le nouveau mentor de Bohli propose surtout une approche globale du jeu, au-delà de l'aspect technique. Une batterie de tests sanguins et biomécaniques ont permis de déceler les principales carences du joueur, et de commencer à y remédier. En agissant non seulement sur l'alimentation mais aussi, par "supplémentation naturelle", au niveau des neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine...) qui jouent un rôle capital dans le comportement. "Quand un joueur disjoncte sur le court, l'explication tient souvent à des dysfonctionnements de cet ordre", explique Bourquin, grand adepte également de la vidéo "car Stéphane est plus sensible au visuel qu'aux longs discours".