SPORTINFORMATION: Félicitations pour votre
futur bébé. On imagine que les réactions pleuvent...
ROGER FEDERER: Merci. L'impact est effectivement
énorme. Nous sommes extrêmement heureux. Tous les gens autour de
nous disent "Wow, quelle superbe nouvelle". Nous avions prévenu nos
amis les plus proches depuis un petit moment. Tout le monde est
maintenant ravi que la nouvelle soit "officielle". Tous peuvent
donc en parler.
La naissance est prévue pour cet été. Mais c'est vague,
"l'été"...
ROGER FEDERER: Oui, je le sais bien mais nous
avons décidé avec Mirka (Vavrinec) que nous n'en dirions pas plus
pour le moment. Et si j'évoque les possibles changements dans mon
calendrier de tournois, tout le monde saura quand le bébé viendra
au monde. Nous laissons donc ça de côté pour le moment.
Vous avez déjà imaginé comment ce bébé pourrait influencer
votre carrière?
ROGER FEDERER: Non, pas vraiment. Mais depuis que
j'ai été no1, j'ai rêvé d'avoir un enfant suffisamment tôt pour
qu'il puisse me voir jouer. Pour être honnête, c'est Mirka qui a
toujours dit "tu joues si bien, notre enfant devra absolument te
voir jouer un jour". Cela fait 2-3 ans que nous évoquons l'idée
d'un bébé. Là, je me réjouis énormément que cela ait marché. Nous
vivons actuellement une magnifique période. Mais nous voyons tout à
coup tout sous un autre angle. Avant, on rigolait sur cette
éventualité, alors que maintenant on espère seulement que tout se
passe au mieux.
Et l'influence sur votre tennis?
ROGER FEDERER: En fait, je n'imagine pas un
instant que mon approche du tennis va changer à cause d'un enfant.
Aujourd'hui, quand je ne suis pas sur un tournoi, je peux déjà
facilement "tirer la prise". Et quand je joue quelque part, le
tennis est la priorité no1. C'est simplement une question
d'organisation. Nous allons évidemment analyser la chose, mais il
ne devrait pas y avoir de grands problèmes. En général, je suis
très bien organisé, que ce soit pour les hôtels ou les vols. Et
nous avons aussi la chance de très bien vivre financièrement, ce
qui est un avantage pour notre enfant.
"Je fais des plans à long terme"
Vous imaginez donc jouer encore
longtemps au tennis...
ROGER FEDERER:
Dans tous les cas! Je fais des
plans à long terme. C'est aussi pour cela que j'ai renoncé à la
Coupe Davis. J'aimerais encore jouer longtemps, et avec un enfant,
la motivation de jouer le plus longtemps possible sera encore plus
forte.
Justement, bien des gens n'ont pas compris votre forfait en
Coupe Davis.
ROGER FEDERER:
Je suis bien conscient que les
supporters qui avaient réservé le voyage aux USA étaient déçus.
Mais j'ai joué cartes sur table. J'avais dit en automne que je
jouerais ce 1er tour de Coupe Davis car il entrait bien dans mon
calendrier. Puis mes problèmes de dos sont apparus. J'ai dû prendre
une décision après l'Open d'Australie. Ou bien je continuais de
jouer et risquais d'aggraver ces problèmes, ou bien je faisais une
pause. Mais je n'ai jamais dit non plus que je voulais gagner la
Coupe Davis 09
"Nadal, c'est le plus gros défi de ma carrière"
Avez-vous pu oublier facilement la défaite de Melbourne face
à Nadal?
ROGER FEDERER: Oui, j'étais à nouveau très motivé
dès le lendemain car je savais que j'aurais à nouveau bientôt la
chance de l'affronter. Et là, j'espère que je vais le battre.
Nadal, c'est le plus gros défi de ma carrière. Les finales contre
lui, et surtout celles en 5 sets, comportent tout ce qu'on peut
imaginer. Dois-je donc être frustré si je perds? Je crois avoir
joué 4 sets et demi parfaits à Melbourne. Pour moi, c'est également
encourageant de pouvoir rivaliser avec lui pendant 5 sets, même si
j'ai très mal servi. Et autant à Wimbledon qu'en Australie, la
différence s'est malheureusement faite sur quelques échanges.
Nadal pourrait-il désormais envisager de réussir le Grand
Chelem?
ROGER FEDERER: Ce n'est pas impossible. Il y aura
maintenant Roland-Garros et Rafa a été imbattable là-bas ces
dernières années. Et après la saison sur terre battue, il a une
telle confiance qu'il en devient un concurrent sérieux à Wimbledon.
Avec son succès en Australie, il a aussi prouvé qu'il peut
remporter un titre du Grand Chelem sur dur. Je pense donc qu'il
peut envisager de réussir le Grand Chelem. Maintenant même plus
qu'il y a quelques années, vu que tout s'est ralenti. J'en ai
d'ailleurs moi aussi été très proche. Il peut le faire, mais moi et
quelques autres allons tenter de l'en empêcher!
si/adapté de l'allemand par Daniel Burkhalter
"Pas de complexe sur terre battue"
SPORTINFORMATION: Jusque-là, vous avez toujours échoué à Paris, comme Becker, Edberg, Sampras ou encore McEnroe...
ROGER FEDERER:: Mais je sais que je n'ai aucun complexe sur terre battue. J'ai grandi sur cette surface. Mon problème n'est pas la terre battue, mais Rafael Nadal. C'est une grosse différence. S'il n'existait pas, on parlerait différemment de ce sujet.
Nadal est donc l'obstacle sur le chemin de nouveaux records...
ROGER FEDERER: Oui, mais j'apprécie Rafa. Je m'entends bien avec lui. Il joue actuellement le tennis de sa vie. Et tout a commencé à Roland Garros l'an passé, quand il m'a battu aussi sèchement (6-1 6-3 6-0). Depuis là, il semble avoir oublié comment on pouvait perdre. Mais je ne peux pas dire s'il pourrait jouer encore mieux. Et autant à Wimbledon qu'à Melbourne, j'ai joué au même niveau que lui, même s'il jouait le tennis parfait. J'ai donc pris ça comme un bon signe.
Au fait, vous allez encore épouser Mirka avant l'arrivée de votre bébé?
ROGER FEDERER:Qui sait... Jusque-là, nous ne nous sommes pas mariés car il y avait trop de stress. Ce n'était pas nécessaire non plus. Mais je me demande moi aussi quelle est la suite (rires).