Stanislas Wawrinka a signé ce qu'il appelle la plus "belle victoire de sa carrière" en dominant en quatre sets le finaliste de 2008. Andy Murray s'est incliné 7-6, (7/3), 6-7 (4/7) 3-6, 3-6 en près de quatre heures, au terme d'une partie épicée de points magnifiques notamment quand le Vaudois a effacé une deuxième balle de 5-4 dans la quatrième manche sur un passing de revers gagnant.
Le no2 helvétique égale son meilleur résultat en Grand Chelem, atteignant les huitièmes de finale pour la sixième fois, la troisième à l'US Open (2008, 2007). "C'était à celui qui allait rester sur ses jambes, a affirmé le Suisse. Battre Andy Murray à l'US Open, ça donne confiance. Il y a quelque chose à jouer maintenant contre Querrey." "C'est une très grosse victoire mais je ne veux pas rester là-dessus, a-t-il ajouté. Deux heures après, j'étais déjà fixé sur le prochain match."
Cette victoire face à Andy Murray lui ouvre même une voie royale à New York. En cas de succès face à Sam Querrey, le Vaudois de 25 ans retrouverait en quart de finale un adversaire également à sa portée: le Russe Mikhail Youzhny (no 12) ou l'Espagnol Tommy Robredo (ATP 41). Il doit toutefois éviter de s'enflammer, car plus dure en serait la chute.
Stanislas Wawrinka attendait depuis une éternité ce succès de prestige qui pourrait bien lui servir de déclic: il n'avait jusque-là remporté qu'un seul des dix matches joués face à des membres du top-10 en Grand Chelem, et son seul précédent succès avait été fêté il y a cinq ans déjà sur le "decoturf" new-yorkais face à un pur spécialiste de la terre battue (Mariano Puerta). Hasard des tirages au sort, le Vaudois a battu coup sur coup les deux joueurs l'ayant dominé en 8es de finale à Flushing Meadows, Juan Ignacio Chela (2007) puis Andy Murray (2008).
Ou quand le destin rattrape Wawrinka...
Mais la pression sera plus grande sur ses épaules au moment d'affronter mardi Sam Querrey (no 20), qui pourra compter sur le soutien d'un public entièrement acquis à sa cause. Stan n'avait d'ailleurs pas tenu le choc alors qu'il avait un coup à jouer pour son premier 8e de finale en Grand Chelem, à New York en 2007. Son adversaire de l'époque occupait en outre le même rang que Sam Querrey dans la hiérarchie (ATP 22)...
Stanislas Wawrinka, qui n'a jamais dépassé le stade du 4e tour dans ses 22 participations précédentes à des tournois du Grand Chelem, sera le favori logique de ce 8e de finale au regard de sa prestation de dimanche. Le Vaudois de 25 ans a qui plus est remporté l'unique duel livré face au géant américain (1m98). Il s'était imposé 2-6 7-5 7-6 (10/8) face à lui l'an passé à Indian Wells, après avoir dû écarter deux balles de match.
"Stan est un des (rares) joueurs capables d'armer des frappes lourdes des deux côtés. S'il est 'chaud', il peut battre n'importe qui. Il a des coups si purs", relevait Sam Querrey, qui va également se retrouver sous pression: l'Américain n'a lui non plus jamais joué de quart de finale en Grand Chelem.
"Je devrai parvenir à le sortir de sa zone de confort, et varier mes coups. J'aurai besoin de bien servir, et devrai aussi l'attaquer derrière ses deuxièmes balles pour avoir une chance", soulignait encore le Californien de 22 ans, qui a également brillé au 3e tour en armant notamment 19 aces dans une rencontre remportée 6-3 6-4 6-4 face à Nicolas Almagro (no 14).
L'effet Peter Lundgren?
Wawrinka a vécu une année 2010 pleine de rebondissements: des hauts, avec la naissance de sa fille Alexia en février ou cette victoire référence sur Murray, sa première contre un joueur du Top 5 en Grand Chelem, et des bas, comme cette élimination au 1er tour à Wimbledon et sa séparation d'avec Dimitri Zavialoff, son entraîneur de toujours, qui a immédiatement suivie cette déception. "La naissance m'a fait grandir et il s'est passé aussi beaucoup de choses du côté professionnel", a-t-il dit pour résumer son année.
Le Vaudois travaille désormais avec Peter Lundgren, ancien coach de Roger Federer, Marcelo Rios ou Marat Safin, et l'attelage semble fonctionner. "J'avais besoin d'un changement, on a passé un mois ensemble et on a tout de suite vu et su qu'on s'entendait bien, on a la même vision, le même objectif."
Murray "frustré"
L'Ecossais de 23 ans n'était plus tombé aussi tôt dans un tournoi du Grand Chelem depuis Roland-Garros en 2008. "Je n'ai pas fait un mauvais match mais Stan a mieux joué, il n'y a pas grand-chose à ajouter, a déclaré Murray. Après le deuxième set, j'ai lutté physiquement et ça m'a frustré. Cela faisait plus longtemps que je ne m'étais pas senti assez mal physiquement sur le court. Mais ce n'est pas parce que j'étais frustré que j'ai perdu, ça, ça ne m'arrive plus depuis mes 21 ans."
Bien sûr la question de savoir s'il allait un jour gagner un Grand Chelem, le serpent de mer du tennis britannique depuis 1936 et la victoire de Fred Perry à l'US Open, est revenue sur le tapis. "Je n'ai jamais gagné un Grand Chelem, je n'ai donc pas la réponse secrète à cette question, a répondu un Murray un peu amer. Je ne sais pas si je gagnerai un Grand Chelem un jour ou pas. Je veux le faire. Mais et alors si je n'en gagne pas ? Si je me donne à 100%, je ne peux pas faire plus."
"Le seul moyen de gagner un Grand Chelem, c'est de jouer son meilleur tennis durant tout le tournoi, a ajouté le récent vainqueur du Masters 1000 de Toronto. J'ai bien joué cet été mais là, je n'avais pas mon meilleur tennis." Voilà l'Ecossais en quête d'un nouvel entraîneur, lui qui fait sans depuis deux mois. A New York, il était conseillé par l'Espagnol Alex Corretja. "Je ne vais pas paniquer et je vais prendre mon temps, a indiqué Murray. Je vais d'abord rentrer, ensuite me reposer et après chercher un coach".
Laurent Roulier/agences/ther
US Open, 16es de finale messieurs, haut du tableau
R.Nadal ESP/1 b. G.Simon FRA 6-4 6-4 6-2
F.Lopez ESP/23 b. S.Stakhovsky UKR 6-3 4-0 w.o.
D.Ferrer ESP/10 b. D.Gimeno-T. ESP 7-6 6-2 6-2
F.Verdasco ESP/8 b. D.Nalbandian ARG/31 6-2 3-6 6-3 6-2
S.Wawrinka/25 b. A.Murray GBR/4 6-7 7-6 6-3 6-3
S.Querrey USA/20 b. N.Almagro ESP/14 6-3 6-4 6-4
M.Youzhny RUS/12 - J.Isner USA/18
T.Robredo ESP b. M.Llodra FRA 3-6 7-6 6-4 2-1 w.o.
Nadal ne tremble pas
A l'instar de Roger Federer (n°2), Rafael Nadal (n°1) s'est qualifié pour les 8es de finale de l'US Open sans concéder le moindre set. Le gaucher majorquin a poursuivi son sans-faute dimanche en dominant le tout jeune papa Gilles Simon (ATP 42) 6-4 6-4 6-2.
Impressionnant jusqu'ici sur son engagement, le roi de la terre battue a même fait encore mieux que Roger Federer dans ce domaine: il n'a pas concédé le moindre jeu de service dans ses trois premiers matches, alors que le Bâlois en a tout de même égaré un en chemin... Gilles Simon n'a bénéficié que d'une seule balle de break, dans le dernier jeu d'une rencontre qui durait 1h59'.
Rafael Nadal aura l'occasion de travailler son jeu de défense au 4e tour où il retrouvera un autre gaucher, son "pote" Feliciano Lopez (n°23), qui a profité de l'abandon de Sergiy Stakhovsky (ATP 36) pour se qualifier. Le cogneur de Manacor est bien conscient de danger que représente son compatriote, toujours capable d'un coup d'éclat sur des surfaces rapides: Rafa s'est d'ailleurs incliné face à lui cet été en quart de finale sur le gazon du Queen's.
si/rou