Rafael Nadal aux trousses de Roger Federer et de l'histoire

S'il continue sur le rythme de sa formidable année 2010, Rafael Nadal pourrait bientôt rattraper son grand rival Roger Federer et postuler au titre officieux de meilleur joueur de tous les temps.

A voir Federer ranger coupe sur coupe dans sa vitrine (5 trophées en 2010 - Open d'Australie, Cincinnati, Stockholm, Bâle et Masters -, 66 au total), on se disait qu'il faudrait peut-être attendre plusieurs décennies avant de trouver quelqu'un capable de lui ravir ses jolis records.

Et voilà qu'un contemporain, longtemps son dauphin, le menace déjà, au point de pouvoir réaliser, à l'Open d'Australie en janvier, ce que Federer n'a jamais réussi: remporter les quatre tournois du Grand Chelem à la suite.

A seulement 24 ans, le Majorquin (7 titres en 2010 - Monte-Carlo, Rome, Madrid, Roland-Garros, Wimbledon, US Open et Tokyo -, 43 au total) s'est aussi mis en position de concurrencer le Bâlois sur d'autres terrains, comme le nombre de titres du Grand Chelem, juge de paix absolu. Il en a déjà gagné neuf, soit sept de moins que Federer (16).

Andre Agassi pour l'instant "seul au monde"

En attendant, Nadal a échoué d'un rien, une défaite en finale du Masters de Londres face à Federer fin novembre, pour rejoindre Andre Agassi, qui seul détient tous les trophées qui comptent: les Grands Chelems, la Coupe Davis, l'or olympique et le Masters.

"Ce fut une année fantastique", ne peut que constater l'ogre de Manacor, vainqueur de trois des quatre tournois du Grand Chelem en 2010, qu'il termine avec une avance confortable (3500 points) en tête du classement ATP.

Qui aurait cru à une telle razzia en début d'année lorsqu'il abandonna en quarts de finale de l'Open d'Australie, les genoux en vrac? Certains lui prédisaient alors plutôt une fin précoce de carrière, alors que l'Espagnol était en plein milieu de la plus longue traversée du désert de sa carrière.

Une inquiétude qui a migré chez les autres...

Lorsqu'il a retrouvé sa terre battue chérie en avril à Monte-Carlo, Nadal n'avait plus gagné le moindre titre depuis le 3 mai 2009 à Rome, soit 11 mois et 13 tournois à frapper dans le vide. L'inquiétude était totale. Elle a aujourd'hui migré chez les autres car Nadal, après un succès libérateur en Principauté, n'a plus touché terre.

Avec d'abord une trilogie inédite sur terre battue - Monte-Carlo, Rome, Madrid - suivie de la reconquête de Roland-Garros, la confirmation à Wimbledon et la consécration à l'US Open pour un total de sept titres, en comptant celui de Tokyo, en six mois!

Seule petite ombre au tableau: son forfait, juste après sa victoire à Wimbledon, pour le quart de finale de la Coupe Davis face à la France à Clermont-Ferrand où l'Espagne, double tenante du titre, a été balayée (5-0). Nadal était alors à Majorque pour recevoir une nouvelle injection de plasma enrichi, le traitement à la mode (Tsonga, Haas, Blake,...) pour soigner les tendons du genou.

"Etre meilleur que l'année précédente"

A son retour sur les courts, il a repris le cours de sa domination et les interrogations sur sa santé se sont envolées avec lui. Son objectif pour 2011 sera le même que d'habitude: "progresser pour être meilleur que l'année précédente". C'est dit sur un ton modeste mais ça fait peur.

Vainqueur du Masters, Federer devrait encore être sur sa route. Ca fait longtemps que le Suisse a identifié le danger. Mais pourra-t-il l'arrêter?

afp/dbu