"Je suis bien plus relax qu'après mon 1er tour de l'an dernier", a souri le Bâlois, qui avait frisé la correctionnelle douze mois plus tôt pour son entrée en lice: il s'était alors retrouvé à trois points de la défaite après avoir été mené deux manches à rien par le Colombien Alejandro Falla.
Un deuxième tour tranquille
Roger Federer, qui avait été sorti en quarts de finale l'an passé, devrait également connaître un deuxième tour tranquille. Il affrontera le gaucher français Adrian Mannarino (ATP 55), qui a eu besoin de cinq sets et quatre heures pour se débarrasser du qualifié irlandais Conor Niland (4-6 6-4 7-6 4-6 6-4).
Battu récemment sur gazon au 1er tour du Challenger de Nottingham par Stéphane Bohli, Mannarino s'était bien repris la semaine suivante en atteignant les quarts de finale au Queen's, où il avait successivement évincé Ernests Gulbis, Gilles Simon (par abandon) et Juan Martin Del Potro.
Federer satisfait
Comme Stanislas Wawrinka la veille, Roger Federer a pu s'appuyer sur un service très performant. Le sextuple vainqueur du tournoi (2003-2007, 2009) a claqué 12 aces et n'a perdu que 12 points au total dont 2 seulement dans la première manche sur son engagement.
"Je suis satisfait de ma prestation. Je me suis montré solide, passant en trois sets sans concéder de break. C'est ce que je recherchais", lâchait-il.
Petite alerte
Auteur de 53 coups gagnants pour 23 fautes directes, l'homme aux 16 trophées du Grand Chelem n'a connu qu'une seule alerte dans une partie qu'il a maîtrisée parfaitement. Il s'est retrouvé mené 15/40 à 3-2 dans la deuxième manche juste après avoir signé le premier break de la partie. Il a alors écarté sans trembler les deux balles de break de Mikhail Kukushkin dont la solidité à l'échange s'est étiolée au fil des jeux.
"J'ai connu quelques soucis dans le premier set. Il m'a rendu la tâche difficile notamment en servant très bien. C'est également particulier de retrouver le Central, car tu n'as pas l'occasion de t'y entraîner", a encore relevé Roger Federer.
Djokovic se promène
Novak Djokovic, qui avait ressenti le besoin de souffler après son époustouflant début de saison et sa série de 43 victoires interrompue par Federer en demi-finale de Roland Garros. Cette coupure d'une petite vingtaine de jours ne semble pas avoir cassé le rythme du no 2 mondial, si l'on se fie à la démonstration qu'il a réussie contre le Français Jérémy Chardy (ATP 54) balayé 6-4 6-1 6-1.
Une performance dont le niveau se lit aussi dans des statistiques impeccables: 74% de premières balles, 9 aces, seulement 11 points perdus sur son service, 25 coups gagnants et seulement 6 fautes directes en trois manches.
"Je suis très satisfait", s'est réjoui le Serbe. "Ma performance était excellente. Mon service notamment était très précis. Les conditions étaient très difficiles à cause du vent. J'aborde Wimbledon différemment parce que je joue le meilleur tennis de ma vie depuis six mois. Je sais que je peux réussir aussi bien sur cette surface que sur les autres. C'était mon premier match officiel sur gazon. Je suis content de voir que je joue encore bien et que je suis toujours frais mentalement".
Isner encore une fois
Egalement très attendue, la rencontre John Isner (ATP 47) Nicolas Mahut (ATP 94) n'a pas été à la hauteur du "match du siècle" de l'an dernier (70-68 au 5e set pour Isner, 11h15' de match sur 3 jours). L'Américain s'est une nouvelle fois imposé, mais sur un score plus aisé (7-6 6-2 7-6) et en largement moins de temps (2h03').
Devenus amis depuis leur légendaire duel, les deux hommes sont restés aussi bien loin de leur record en matière d'aces (216 en 2010). Ils en ont claqué "seulement" 16 (8 chacun).
agences/tai - lper
Wimbledon, 1er tour, têtes de série
Messieurs, 1-16
R.Nadal ESP/1 b. M.Russell USA 6-4 6-2 6-2
N.Djokovic SRB/2 b. J.Chardy FRA 6-4 6-1 6-1
R.Federer SUI/3 b. M.Kukushkin KAZ 7-6 6-4 6-2
A.Murray GBR/4 b. D.Gimeno-Traver ESP 4-6 6-3 6-0 6-0
R.Soderling SWE/5 b. P.Petzschner GER 6-4 6-4 2-6 7-6
T.Berdych CZE/6 b. F.Volandri ITA 6-2 6-2 6-1
D.Ferrer ESP/7 b. B.Paire FRA 6-4 6-4 6-4
A.Roddick USA/8 b. A.Beck GER/Q 6-4 7-6 6-3
G.Monfils FRA/9 b. M.Bachinger GER 6-4 7-6 6-3
M.Fish USA/10 b. M.Granollers ESP 7-6 7-6 6-4
J.Melzer AUT/11 b. A.Falla COL/WC 3-6 7-6 6-2 6-2
JW.Tsonga FRA/12 b. G.Soeda JPN/WC 6-3 7-6 6-2
V.Troicki SRB/13 b. M.Gonzalez ARG 3-6 6-0 7-6 6-3
S.Wawrinka SUI/14 b. P.Starace ITA 6-3 6-4 6-4
G.Simon FRA/15 b. E.Roger-Vasselin FRA/Q 4-6 6-4 6-3 7-6
N.Almagro ESP/16 b. J.Nieminen FIN 6-7 6-3 6-4 6-4
Formalités
Vous en avez de bonnes ! Le premier tour de Wawrinka et de Federer devait passer comme une lettre à la poste. Ce sont bien là les méfaits du sport sur canapé où, une bière dans la main, on distille de discrets conseils aux meilleurs joueurs de la planète. Pourtant, les premiers tours de Wimbledon ont souvent débouché sur des crimes de lèse-majesté. Les deux Suisses sont restés sur leur trône. Sans trop trembler, c’est vrai, mais en se méfiant quand même de ces drôles de zigotos qui ne font pas de complexes.
Le résultat brut – en trois sets – est souvent un raccourci regrettable d’une partie de tennis. Car avant la balle de match et la poignée de mains, le meilleur a dû puiser dans sa science tennistique pour faire pencher la balance du bon côté. Et les souvenirs ne nous manquent pas des absences d’inspiration qui ont conduit le favori vers la déception et l’humiliation. Nos deux gardes suisses n’ont pas sombré sous les coups de guerriers valeureux et non dénués de talent. Voilà qui resitue leur performance bien au-dessus du constat d’une simple formalité.
Pour Wawrinka, comme pour Federer, l’herbe continue donc d’être verte chez le voisin anglais. Le deuxième tour s’annonce avec ses dangers potentiels – pensez à l’élimination de Stan au premier tour du Queen's – mais surtout avec sa gloire promise.
Pour Wawrinka, l’objectif d’un quart de finale n’est pas utopique. Il ravirait ses inconditionnels en Suisse romande et confirmerait que l’enfant de Saint-Barthélemy est capable de prendre l’apéritif avec le gratin de la discipline bien qu’il se retire chaque fois à l’heure du banquet.
Pour Federer, le menu est tout autre. Le Bâlois rêve secrètement d’élever encore son record de 16 victoires dans les grands chelems. Pas d’entrer dans l’histoire. Il y est déjà rentré, et de plain-pied. Mais il veut aller encore au-delà de ce qui est imaginable et raisonnable. Il veut augmenter l’amour qu’on lui porte, écraser l’adversité, chasser les doutes insultants, faire chavirer ses supportrices – et supporters – en Suisse et dans le monde entier.
Cela fait deux ans et demi que Roger a dessiné avec son équipementier sa tenue de Wimbledon 2011. Je prie que la présentation de sa nouvelle collection dure le maximum de deux semaines. Mais pour y parvenir, le meilleur tennisman de l’histoire devra encore satisfaire à un certain nombre de formalités.
Alain Meury