La vie nous offre souvent des virages inattendus, voire surprenants. Le meilleur exemple est celui de Marco Chiudinelli. Il y a quelques jours, le Bâlois avait obtenu une wildcard de la part de Roger Brennwald. Une façon peut-être pour le boss des Swiss Indoors de relancer la carrière de celui qui avait été désigné "revenant de l'année sur le Circuit ATP" pour l'année 1999, mais qui a rechuté depuis. Mais depuis, le Bâlois en a vécu des choses à Bâle...
Un rapide coup d'oeil dans le rétro s'impose. Tombé à la 884e place mondiale en novembre 2008, "Chiudi" vit une saison 2009 formidable, passant du 603e rang mondial le 5 janvier au 56e! Soit une progression, si la calculette ne nous trompe pas, de 547 positions!
Une année 2009 brillante, puis la chute, à nouveau
Comment? En passant par bien des Challengers, puis des tableaux de qualifications parfaitement négociés à l'US Open (éliminé au 3e tour), à Bangkok (sorti en 1/4), Tokyo (out en 1/16) et... Bâle, où Roger Federer lui a barré la route de la finale dans une demie 100% rhénane.
La suite? Beaucoup moins rose, avec une seule place de quart de finaliste (en juillet à Stuttgart) et, surtout, une nouvelle blessure au dos, en octobre 2010, à Tokyo. Marco Chiudinelli revient mions d'un mois plus tard, mais l'élan n'y est plus, et il est éliminé dès le 1er tour à Bâle. Il passera Noël au 117e rang ATP.
Le chemin de croix se poursuit en 2011, sauf à Doha, début janvier. Au Qatar, il ne s'incline que de peu face à Federer (6-7 5-7). S'en suivront déceptions diverses, coups durs physiques, etc. Et jusqu'en septembre, tous les tableaux ATP se refusent à lui.
"Depuis Wimbledon, la courbe est ascendante"
"C'est une mauvaise saison, c'est certain. Mais depuis Wimbledon, la courbe est ascendante", a-t-il analysé dans la "Basler Zeitung". En Asie, comme bien souvent, Marco Chiudinelli revit pourtant, s'extirpe à nouveau victorieusement des qualifications à Bangkok (out en 1/32) et Toyko (out en 1/16).
La roue tournerait-elle à nouveau en sa faveur?? Peut-être. En tout cas, Roger Brennwald semble y voir un signe et propose pour la 7e fois une wildcard à celui qui a été son "ball boy" en son temps. Qui sait, peut-être qu'il refera "le coup" de 2009, avec une demi-finale?
Toutefois, le problème avec une roue, c'est qu'elle tourne tout le temps, sans trop forcément s'arrêter. Et voilà qu'un beau matin, Andy Murray, qui reste sur 3 triomphes en Asie (à Bangkok, Tokyo et au Masters 1000 de Shanghai), est rattrapé par le règlement. Il lui manque un résultat dans un tournoi ATP 500 et il doit absolument jouer - un peu, mais surtout beaucoup contre sa volonté - cette semaine. Ce sera soit à Valence, soit à Bâle. Pas de chance pour l'Ecossais, le tournoi espagnol lui refuse son invitation. On se demande d'ailleurs comment un tournoi peut refuser le no3 mondial... Passons.
"J'aurais préféré avoir cette invitation"
Roger Brennwald, lui, flaire le bon coup. Il a déjà le no1 Novak Djokovic et le no4 et tenant du titre Roger Federer. Et Murray s'offre sur un plateau. Le hic, c'est que toutes les invitations bâloises ont déjà été attribuées. Il faut en retirer une à quelqu'un. Pas de chance pour Marco, c'est la sienne qui saute.
"Il est clair que j'aurais préféré avoir cette invitation, surtout que j'étais rentré le dimanche d'avant d'Asie, explique "Chiudi". "J'aurais éventuellement pu jouer le mardi, ce qui m'aurait laissé un peu de temps...". Mais il n'en veut pas à Roger Brennwald. "J'ai souvent eu la chance d'être invité, même à un moment où je n'avais plus de classement. Il m'a toujours aidé".
Pour le Bâlois, Swiss Indoors peut-être, mais donc en passant par les qualifs.
Mais là encore, pas de chance, il est sorti au 2e et dernier tour par un autre pote, Michael Lammer avec, pour corser l'addition déjà douloureuse, un malheureux 6-0 au 3e set. Pour la 2e fois seulement dans sa carrière, Marco Chiudinelli ne disputera pas "son" tournoi. A moins que...
Mais que fait Andy Murray la nuit?
L'"impensable" se produit deux jours plus tard. Andy Murray, qui ne voulait pas vraiment jouer à Bâle, doit déclarer forfait, la "faute" à une vilaine contracture au muscle fessier, soit dit en passant contracté... à 3-4h, mardi matin! "Je ne sais pas ce qui s'est passé, explique l'Ecossais. Pourtant, à l'entraînement lundi soir, j'étais vraiment bien. J'ai dû dormir dans une mauvaise position". Bien sûr...
"J'ai dû sauter l'entraînement mardi matin. J'avais énormément de peine à marcher", raconte Murray. L'après-midi, il a pu, explique-t-il, frapper quelques balles, pendant 30-40 minutes. "Je n'avais jamais eu ce genre de blessure avant".
Le no3 mondial a encore dit qu'il était "frustrant" de quitter le tournoi de la sorte. "Je n'avais plus joué ici depuis 6 ans. Il y a 5 ans, j'avais déjà dû me retirer, car j'étais tombé malade le jour avant".
Roger Brennwald, lui, n'avait pas l'air plus affecté que ça. Il dira seulement "qu'on n'avait pas fait de publicité sur sa présence, donc voilà..." Annoncer la présence de Murray était un joli coup marketing, son retrait en était peut-être aussi pour un autre...
Ben oui, car à qui a profité le forfait de Murray? On vous le donne en mille... A Chiudinelli, bien sûr! "Franchement, je suis vraiment content que Chiudinelli ait eu ma place. Surtout que c'est lui qui a dû me laisser son invitation", a conclu Murray, qui va prendre le chemin de Paris dès jeudi en vue du Masters 1000 de Bercy. Pourra-t-il le jouer? Il dit ne pas savoir, qu'il va faire un break "d'un jour ou deux". On vous parie qu'il y sera...
"J'ai pensé que ce serait Tipsarevic"
Chiudinelli avait déjà entendu mardi qu'il pourrait être repêché.
"J'ai entendu des rumeurs, mais je ne savais pas qui je remplacerais, ni contre qui je devrais jouer. J'ai un temps pensé que ce serait
Tipsarevic, qui a beaucoup joué ces derniers temps..."
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Là encore, pas de bol. Le Serbe, en course pour le Masters, s'est présenté sur le terrain... avant d'abandonner 6 jeux plus tard, blessé! "J'étais évidemment un peu déçu, surtout s'il savait qu'il n'allait pas tenir... Tipsarevic était le dernier joueur que je voyais quitter le tournoi. Murray, c'était une grande surprise".
La nouvelle du forfait de Murray lui est arrivée à 14h40, mercredi après-midi. Son entrée sur le terrain étant prévue sur le coup des 16h, "Chiudi" n'a eu qu'un peu plus d'une heure pour se préparer. "Physiquement, j'étais prêt, surtout que je m'étais bien entraîné le matin. Mentalement, c'est autre chose. Mais ça n'explique pas ma défaite.".
Ben oui, la roue n'est malheureusement pas toujours très ronde, puisque Chiudinelli s'est incliné 6-2 7-6 devant le Néerlandais Robin Haase. "Pour l'histoire, ça aurait été plus joli que je passe...".
De Bâle, Daniel Burkhalter
1/16, derniers matches
R.Haase NED b. M.Chiudinelli SUI/LL 6-2 7-6
L.Kubot POL/Q b. T.Kamke GER/Q 5-7 7-5 6-2
F.Mayer GER b. J.Tipsarevic SRB/6 5-1 w.o.
Appelé au pied levé, Chiudinelli fait de la figuration
Le numéro 3 suisse s'est incliné 6-2 7-6 (9/7) face au Néerlandais, qui affrontera jeudi Stanislas Wawrinka (ATP 19). Après un premier set fort médiocre, Chiudinelli a eu le mérite d'élever le niveau de son jeu. Son grand regret viendra de cette balle de set à 7/6 dans le jeu décisif qu'il perdait pour n'avoir pas suffisamment appuyé sa volée.
Robin Haase, titré cette année sur la terre battue de Kitzbühel, a perdu les deux premiers matches qui l'ont opposé à ce jour à Stanislas Wawrinka. Il s'est incliné 7-5 6-7 6-4 l'an dernier à Stockholm et 3-6 6-3 6-3 en début de saison à Chennai où Stan avait conquis le titre.