Parlez du tennis japonais relève de la gageure. Pourquoi? Simplement parce qu'il n'a jusqu'ici que peu fait la "Une" des journaux. Difficile de trouver des traces. Les seuls réels faits d'arme sont l'oeuvre de Kimiko Date-Krumm, ex-joueuse du top-10, de retour sur le circuit alors qu'elle affiche la quarantaine. Chez les messieurs, il faut se tourner vers les spécialistes pour avoir des réponses.
Une petite visite sur le net confirme rapidement ces faits. Le tennis japonais est plus connu pour ses mangas "Le Prince du tennis" ou "Shin Prince du tennis", qui comptent de nombreux volumes et des versions animées (aussi en français), que pour les exploits de ses joueurs.
"Le Prince du tennis" raconte l'histoire d'un jeune Japonais qui a vécu de nombreuses années aux États-Unis. Ce fils d'un grand champion international retourne ensuite au Japon et s'inscrit dans un collège qui possède une équipe de tennis réputée.
Un prince en "chair et en os"
Kei Nishikori, un nom qui ne dit pas encore grand-chose au grand public, pourrait bientôt devenir un "Prince du tennis" en chair et en os et faire passer le tennis japonais des mangas aux gros titres des quotidiens.
La vie du natif de Shimane ne ressemble toutefois pas à celle du héros des mangas. Pour devenir une star, le jeune talent va, lui, faire le chemin inverse, quittant le Japon pour rejoindre les Etats-Unis à l'âge de 13 ans.
Alors qu'il ne parle pas un mot d'anglais, il s'inscrit à la fameuse Académie Bollettieri, qui a déjà façonné des champions comme Andre Agassi ou Jim Courier. Et là commence sa carrière.
Joueur calme et presque timide en dehors du court,
Kei Nishikori trace son chemin dans la discrétion. Alors que le monde du tennis traque partout les futures stars, c'est presque dans l'anonymat qu'il remporte son premier tournoi sur le circuit ATP, en 2008 à Delray Beach (USA). Et pourtant, en enlevant ce titre à 18 ans, il devient le plus jeune joueur à gagner un tournoi depuis 10 ans, et un certain Lleyton Hewitt, ex-numéro un mondial... .
Dans l'histoire
Stoppé dans sa progression durant un an en 2009 pour une blessure au coude, Kei Nishikori, continue depuis sa marche en avant. Et en octobre 2011, il entre un peu plus dans l'histoire. A tout juste 21 ans, il devient le meilleur joueur japonais de tous les temps.
Il occupe alors la 32e place du classement ATP suite à une première demi- finale dans un Masters 1000, à Shanghaï, grâce notamment à un succès remarqué contre Jo-Wilfried Tsonga. Il déloge alors Shuzo Matsuoka qui avait, lui, occupé, la 46e place mondiale. "Evidemment, cela me rend heureux" a avoué le joueur du Pays du Soleil Levant, lors de la conférence de presse qui a suivi sa qualification pour les quarts de finale des Swiss Indoors de Bâle.
Alors, avec son nouveau statut, est-il une star au Japon? "Je suis une star pour moi-même", devait répondre en riant Kei Nishikori. "Je suis c'est vrai connu au Japon depuis quelques temps, mais Roger Federer est encore plus célèbre que moi" .
Avec Brad Gilbert
Colocataire de Zach Gilbert à l'Académe Bollettieri, Kei Nishikori est désormais entraîné par le père de son copain, Brad Gilbert. Celui qui a dirigé Andre Agassi, Andy Murray ou Andy Roddick ainsi que Dante Bottini sont désormais appelé à conduire le jeune Japonais vers les sommets. "Les deux hommes sont importants pour moi" indique Nishikori. "A Bâle, Gilbert n'est pas présent. Mais je l'ai consulté par téléphone. "Mes coaches m'apportent tous deux beaucoup. Il n'y en a pas un qui est plus important que l'autre".
Bien entouré par ses deux entraîneurs,
Kei Nishikori ose pourtant à peine formuler des objectifs: "Je vise le top-20, peut-être le top-10". Mais il admet qu'il est désormais plus sûr de lui. "Mes victoires à Shanghaï m'ont apporté beaucoup de confiance. Je me sens maintenant plus fort car je sais que je peux aussi gagner contre de très bons joueurs. Je vis actuellement de beaux moments et je veux encore progresser".
A Bâle, le public suisse a pu faire la connaissance de ce joueur, plutôt petit par sa taille (1m78), mais qui pourrait bien devenir grand par son talent.
Le livre blanc du tennis japonais pourrait ainsi se noircir des exploits de Kei Nishikori. Une belle page pourrait déjà s'écrire à Bâle, mais aussi à Paris-Bercy la semaine prochaine où il rêve de faire aussi bien que son coach Brad Gilbert, finaliste en 1987 et 1988.
Bâle, Aline Gagnebin
ATP Bâle, 1/8
N.Djokovic SRB/1 b. L.Kubot POL/Q 6-1 6-2
M.Baghdatis CYP b. M.Lammer SUI/Q 7-6 6-7 6-3
K.Nishikori JPN/WC b. A.Seppi ITA 6-3 7-6
M.Kukushkin KAZ/LL b. J.Blake USA/Q 6-3 6-4
A.Roddick USA/7 b. R.Stepanek CZE 2-6 6-3 6-3
R.Federer SUI/3 b. J.Nieminen FIN 6-1 4-6 6-3
F.Mayer GER b. I.Ljubicic CRO 6-3 6-1
S.Wawrinka SUI b. R.Haase NED 4-6 6-1 6-2