La "finale de rêve" était programmée. Pour la troisième année de suite, Roger Federer et Novak Djokovic "devaient" se disputer le titre des Swiss Indoors. Opposés respectivement à Stanislas Wawrinka et surtout au Japonais Kei Nishikori, le Bâlois et le Serbe n'avaient plus "qu'à" assurer leur place en finale...
Mais voilà, le sport n'a souvent de logique que ses émotions, ses résultats beaucoup moins. Ce qui fait d'ailleurs, parfois, le bonheur des parieurs divers. On y joue sa "pièce", sa chemise, mais aussi souvent bien plus... Ma foi, les téméraires ayant "osé" le succès de Nishikori sur "Nole" en demi-finales à Bâle ont pu crier jackpot, des dollars plein les mirettes. L'impensable s'est produit: Federer affrontera Nishikori, et pas le no1 mondial.
Reste qu'en observateur attentif et quelque peu avisé, la tentation de miser Nishikori était plutôt "logique", tant le jeune invité japonais (21 ans) est talentueux, à témoin sa récente place de demi-finaliste au Masters 1000 de Shanghai, début octobre. De plus, Djokovic rentre d'une "pause" médicale de 6 semaines, consacrée à soigner un dos amoché. Et il l'a maintes fois répété ici à Bâle, "je ne joue pas bien". Autant d'aspects favorisant un "clic aventureux" sur Nishikori.
Djokovic "prend" son 1er 6-0 depuis mars 2010
Et même si la 1ère manche a nettement tourné en faveur du no1 mondial - "je n'ai pas bien joué du tout", a dit Nishikori -, ce dernier n'apparaissait pas sous son meilleur jour ce samedi. "Je suis gêné depuis le début de la semaine par mon épaule droite", racontait "Nole" pour justifier les multiples apparitions du soigneur sur le court. "Les douleurs se sont accentuées au fil des matches". On sentait l'abandon proche, peut-être après la perte du 2e set.
Mais voilà, on n'abandonne pas comme ça quand on porte la tunique de no1 et, peut-être en signe de respect pour son adversaire, Djokovic est resté sur le terrain jusqu'au bout, allant jusqu'à encaisser son 1er 6-0 depuis mars 2010!
"J'ai essayé de me concentrer sur mon jeu, de ne pas le regarder souffrir", a confié Nishikori. "J'aurais aimé l'affronter en pleine forme, mais voilà ça reste une belle victoire pour moi".
"Mon match du 1er tour (réd: contre Malisse, 3 sets) a été un choc pour mon corps", s'est justifié Djokovic. "La compétition, ce n'est pas l'entraînement. Il y a plus d'intensité et tu utilises plus les muscles pour compenser. J'ai peur pour mon épaule, et donc mon rythme au service s'en ressent. Il n'est pas bon."
Une victoire méritée pour Nishikori
Mais, fair-play, "Nole" a aussi vanté les qualités de son adversaire et de sa victoire méritée. "Il n'a commis aucune faute, a retourné des balles impossibles. Il m'a vraiment forcé à jouer mes coups à fond. C'est un super combattant". Et le Serbe de prévoir un avenir radieux à Nishikori. "Il a le jeu pour entrer dans le top-10. Il bouge très bien et est très fort mentalement".
Kei Nishikori disputera donc sa 3e finale ATP, avec l'espoir, peut-être, de fêter un 2e titre après Delray Beach, en 2008. Mais l'élève de Brad Gilbert - "il m'a envoyé un sms de féliciations", a confié le Japonais - se réjouit surtout d'affronter enfin Roger Federer, son idole "quand j'avais 16-17 ans".
"J'ai assisté au tirage au sort, ici à Bâle, et j'ai espéré l'avoir dans mon tableau", narre le timide Kei. "Pas de chance, il était de l'autre côté. La seule possibilité, c'était la finale!". Là aussi, les pronostics donneront le Bâlois largement favori de la finale. Une "râclée" est même promise au droitier de Shimane. Mais qui sait, peut- être faut-il mettre une petite pièce?
La victoire de Federer est, elle, logique
L'autre demi-finale, entre Roger Federer et Stanislas Wawrinka, n'a elle pas fait le bonheur des "bookmakers". Le Bâlois s'est logiquement imposé face au Vaudois, et ceci pour la 4e fois cette année (10e au total). Dimanche, "RF" disputera sa 6e finale de rang à la Halle St-Jacques, et visera un 5e titre.
Victoire logique peut-être, mais pas aisée, selon "Le Maître". Menant rapidement 5-2, Federer a vu son adversaire recoller, pour finalement l'emmener au tie-break. Un peu tendu, Stan a ensuite craqué, permettant à "Rodgeur" de filer. "Ca n'a pas passé loin au 1er set", confirmait Stan. "Mon but, face à lui, était d'être plus agressif. Dans l'en semble, j'ai fait un bon match".
Il faut bien l'avouer, on voyait mal Stan "sortir" Federer. Ne déclarait-il pas, vendredi encore, qu'il "ne trouvait de toute façon jamais la solution" face au Bâlois? Le discours du condamné en somme, du gars qui n'y croit pas. "Rodgeur", lui, ne l'a pas vu comme ça. "Stan a cette fois pu faire ce qu'il voulait, faire ses choix. Il n'avait pas un entraîneur pour lui dire comment jouer. Il s'est d'ailleurs montré bien plus agressif, venant plus au filet. Je crois d'ailleurs qu'il peut se montrer très satisfait de sa semaine. Il a joué de très bons matches, et aussi face à moi", a poursuivi Federer.
"C'est surtout un gars contre qui je n'ai jamais joué"
Roger Federer affrontera donc Kei Nishikori en finale dimanche et, selon ses dires, ce ne sera pas une mince affaire. "C'est surtout un gars contre qui je n'ai jamais joué", concède "RF".
Jamais opposés sur le front de l'ATP, le Bâlois et le Japonais ont pourtant déjà croisé les raquettes à l'entraînement, "il y a 4 ans à Miami je crois", tente de se rappeler Federer. "C'était un gars vraiment talentueux, mais qui a souvent été blessé par la suite".
Mais l'homme aux 16 titres du Grand Chelem sait que Nishikori ne va pas lui "offrir" ce 5e sacre à Bâle. "Un gars qui sort Djokovic en 1/2 à Bâle et qui joue une 1/2 de Masters 1000, aura certainement son mot à dire dimanche".
Bâle, Daniel Burkhalter
ATP Bâle, 1/2
K.Nishikori JPN/WC b.
N.Djokovic SRB/1 2-6 7-6 6-0
R.Federer SUI/3 b.
S.Wawrinka SUI 7-6 6-2
Dans les coulisses des Swiss Indoors
FEDERER, MON IDOLE: pour Kei Nishikori, affronter Roger Federer sera un peu spécial puisqu'il s'agissait de son idole de jeunesse. Interrogé à ce sujet, le Bâlois a répondu en plaisantant. "C'est bizarre, mais ça arrive de plus en plus! Mais tant que je les bats, ça va! Mais moi aussi, au début, j'ai affronté les stars que j'avais l'habitude de regarder à la télévision".
FORCEMENT UN BON CHOIX: un journaliste anglophone a voulu savoir le pourquoi du choix de la terre battue pour la rencontre de Coupe Davis face aux USA, en février. "Est-ce un bon choix?", a t-il demandé? "Je faisais partie des décideurs, c'est donc forcément un bon choix!", a souri Roger Federer.