Plein d'émotion et d'humour, Roger Federer revient sur sa performance dans le tournoi parisien, mais aussi sur son exceptionnelle forme du moment.
Qu'avez-vous ressenti lors de la balle de match?
ROGER FEDERER: Que c'est incroyable de gagner enfin ici à Bercy. J'ai tellement attendu cette victoire, ça fait dix ans que j'essaie. Elle est vraiment spéciale. A la fin, j'étais fier et soulagé, heureux aussi de partager ça avec ce public qui m'a soutenu énormément pendant toute la semaine. Je suis très heureux d'avoir si bien joué du début à la fin cette semaine.
C'est votre premier grand titre depuis un an. Est-ce aussi une réponse à ceux qui doutaient de vous?
ROGER FEDERER: Honnêtement je m'en fous. Je ne joue pas pour prouver quelque chose aux journalistes mais pour moi, mes fans et la Suisse. Je trouve ça complètement normal que je me fasse critiquer. Je ne peux pas avoir que des compliments pendant dix ans. Mais il en faut vraiment beaucoup aujourd'hui pour me perturber, pour que je perde la tête. Cette année je suis toujours resté calme, je ne me suis jamais vraiment senti sous pression. J'ai vécu des moments très difficiles lorsque j'ai perdu des matches que je n'aurais jamais dû perdre. J'ai raté quelques occasions immenses. Mais ça reste quand même une année solide.
Jouez-vous votre meilleur tennis en ce moment?
ROGER FEDERER: Ca fait plusieurs mois que je joue bien. A l'US Open je ne suis passé qu'à un point de la finale et qui sait ce qui aurait pu se passer ensuite. J'ai également fait de grand matches à Wimbledon et à Roland-Garros et là aussi il y avait la possibilité d'espérer mieux. J'ai toujours pensé que j'avais les moyens de finir fort l'année. Mais je suis quand même un peu surpris de jouer aussi bien. Ca va me permettre d'arriver au Masters en pleine confiance.
Comment avez-vous vécu cette journée?
ROGER FEDERER:
En fait je ne me sentais pas bien en me réveillant ce matin. J'étais très nerveux, crispé et mon rhume ne m'a pas aidé. Les filles (ndlr: ses jumelles âgées de deux ans) n'étaient pas bien non plus pendant toute la semaine.
Cette nuit, l'une d'elles nous a réveillés à quatre heures du matin. Alors on l'a prise dans notre lit. Ce n'était certainement pas la meilleure façon de préparer la finale (rires). Mais je me suis rappelé que dans le passé c'est justement dans des moments comme ça que j'ai joué mes meilleurs matches.
C'est la première fois que vous prenez l'une de vos filles dans votre lit à la veille d'une finale?
ROGER FEDERER: C'est arrivé plein de fois (rires). Bon je n'ai pas non plus joué 25 finales cette année et les jumelles n'ont que deux ans. Mais rien que cette semaine, c'est arrivé plusieurs fois. Cette nuit j'espérais que ça allait bien se passer lorsque, soudain, on s'est retrouvés à courir dans leur chambre pour voir si tout allait bien. Mirka m'a dit: 'Viens on la prend dans notre lit.' J'ai dit: 'D'accord, allons-y (rires).' Je n'avais pas envie d'une dispute à 04h00 du matin. En fin de compte, ça allait. Je suis heureux (rires).
Comment expliquez-vous votre relation privilégié avec le public français?
ROGER FEDERER: J'ai aussi connu de mauvaises expériences. J'ai même été hué ici lorsque j'ai perdu contre Tim Henman (en 2003). Parfois il faut survivre à des tempêtes pour voir le soleil. Ca correspond un peu à ma carrière aussi. Je pense que le public apprécie le fait que je n'ai jamais changé et aussi mon fair play et mon jeu plaisant à regarder. Je lui en suis très reconnaissant car c'est un public de connaisseurs. La France est le pays où il y a le plus de licenciés.
afp/lper