Sa carrière de joueur mérite le respect. Il a en effet évolué
durant 17 années dans le Championnat de France: 13 ans de ProA et 4
ans de ProB au sein des clubs de Mulhouse, Avignon, Paris, Reims,
Evreux et Chalon-sur-Saône.
Manu Schmitt a ensuite épousé la fonction d'entraîneur à Chalon,
avant d'être nommé à la tête des Geneva Devils début 2003, une
équipe qu'il dirige par ailleurs toujours. Interview.
TXT: Comment est née cette passion pour le
basketball?
MANU SCHMITT: Elle est là depuis tout petit.
J'avais une dizaine d'années quand j'ai débuté. J'ai ensuite gravi
les échelons et j'ai eu la chance d'intégrer l'équipe
professionnelle de Mulhouse à l'âge de 15 ans. Ce qui me passionne
dans ce sport, c'est avant tout l'amour du jeu. Cela fait bientôt
30 ans que je vis du basket. Après, en tant qu'entraîneur, il est
évident que les relations humaines qu'on peut avoir à gérer font
que c'est un métier très riche en termes de relations avec les
joueurs.
TXT: Vous avez entraîné Chalon de 99 à 2002
avant de débarquer aux Geneva Devils. Pourquoi cette venue en
Suisse?
MANU SCHMITT: J'ai eu une fin d'expérience à
Chalon-sur-Saône un peu brutale car j'ai été limogé. J'avais été
entraîneur 3 ans du centre de formation, puis une année de l'équipe
ProA. J'avais envie de rebondir rapidement. Je voulais mettre à
profit l'expérience que j'avais emmagasinée lors de cette première
année d'entraîneur "pro". J'ai été sollicité par les dirigeants des
Geneva Devils avec lesquels le feeling est bien passé. Ce challenge
me tentait. Je n'ai donc pas hésité.
"J'ai toujours eu une relation un peu privilégiée avec la
Suisse"
TXT:
Peut-on donc
dire que vous êtes arrivés en Suisse un peu par hasard?
MANU SCHMITT:
Oui, ce n'était pas une envie
particulière. Simplement, c'est le contexte qui a fait qu'il y a eu
cette proposition. Bon, j'ai toujours eu une relation un peu
privilégiée avec la Suisse de part la proximité de ma ville natale
et mes origines familiales (ndlr: arrière grand-mère de Bâle).
D'autre part, il y avait aussi la relation avec Thabo Sefolosha.
C'est le premier joueur que j'avais fait signer à Chalon quand
j'étais devenu entraîneur pro. C'était marrant. Lui était en France
et moi en Suisse.
TXT:
Quel a été votre avis sur le basket
suisse à votre arrivée à Genève?
MANU SCHMITT:
Je n'ai pas eu beaucoup de
surprises. C'est un basket que je connaissais. Etant frontalier,
j'avais affronté plusieurs fois des équipes helvétiques. Avant le
recrutement de Thabo à Chalon, je suivais le Championnat de Suisse
depuis quelques années. Il était conforme à ce que je pensais, avec
des joueurs de qualité et des équipes qui progressent chaque année
au niveau du jeu. Maintenant, il faut arriver à faire progresser
les structures dans l'ensemble. Un certain nombre de clubs
travaillent dans ce sens-là.
"On peut travailler de manière professionnelle sans en avoir
forcément le statut à 100%"
TXT: Par rapport à la France, il reste
beaucoup à faire. Le basket suisse n'est pas vraiment
professionnel...
MANU SCHMITT: Oui, il y a une différence en terme
de structures et d'organisation. Les choses évoluent cependant,
peut-être un peu lentement au goût de certains mais il ne faut pas
désespérer. J'estime qu'on peut travailler de manière
professionnelle sans en avoir forcément le statut à 100%. Il ne
faut pas se réfugier derrière cette excuse. C'est l'ambition qu'on
doit avoir, on doit être exigeant avec nous-mêmes.
TXT: Autre facteur particulier du basketball
suisse: sa faible médiatisation, surtout en Suisse
alémanique.
MANU SCHMITT: C'est évident qu'on doit développer
cet aspect. La présence ces jours-ci de l'équipe nationale à Zurich
va dans ce sens-là. J'espère qu'on sera capables de montrer une
bonne image, qui donnera envie aux gens d'aller dans les salles de
basket et de s'investir pour que des clubs puissent être créés. Il
faut que la concurrence augmente. C'est grâce à elle que l'on
progresse.
TXT. Propos recueillis par Stéphane Altyzer
Thabo n'est pas encore à son maximum
TXT: Thabo Sefolosha est-il une exception dans le basket suisse?
MANU SCHMITT: Il est le premier en NBA. Donc oui, c'est une exception par son niveau de réussite. Dire que demain, il y aura beaucoup de Thabo, on ne peut pas le prétendre. Sa réussite doit donner envie à tout le monde d'atteindre son maximum en terme de qualité et de travailler très dur comme il l'a si bien fait. Il a montré que même en étant Suisse, on peut atteindre le niveau mondial. Il n'est pas encore arrivé à son maximum, loin de là. Ca doit être un énorme message d'encouragement pour tous.
.
Quels seraient les bénéfices d'une ascension en division A pour l'équipe de Suisse et vous-même?
MANU SCHMITT: La promotion nous permettrait de nous mesurer à ce qui se fait de mieux en Europe. Ca pourrait encourager aussi bien la Fédération que les clubs à essayer d'aller plus loin. Un "échec" ne devrait pour moi rien remettre en cause. Si on mesure le chemin parcouru depuis 2003, on est en train de regagner de la crédibilité, c'est essentiel. Il faut augmenter notre qualité de travail, notre performance sur et en dehors du terrain et à partir de là, les résultats suivront.
TXT/alt
Schmitt en 9 réponses
La première chose que vous faites le matin: j'embrasse mon épouse et mes enfants.
Votre meilleur souvenir: la victoire en Coupe de la Ligue avec les Geneva Devils en 2004.
Votre pire souvenir: aucun, j'estime que toute expérience malheureuse doit permettre de progresser et d'avancer.
Pour vous le basketball c'est: une grande partie de ma vie jusqu'à aujourd'hui.
Votre devise: l'expérience, ce n'est pas ce qui nous arrive, mais c'est ce qu'on fait avec ce qui nous arrive.
Si vous n'aviez pas été entraîneur: manager dans n'importe quelle domaine.
Pour vous le dopage c'est: un fléau contre lequel il faut une lutte sans merci.
Votre idole: j'ai un certain nombre de modèles dans différents domaines, c'est-à-dire les gens qui savent où ils veulent aller et qui s'en donnent les moyens.
Votre salaire: suffisamment pour être heureux et pour que ma famille puisse globalement vivre de manière sereine.