Modifié

Richard Chassot, un homme au service du vélo

Richard Chassot
Richard Chassot dans ses fonctions de directeur du Tour de Romandie.
Le cyclisme n'a plus aucun secret pour lui. Après avoir couru chez les professionnels durant 7 ans, il est désormais directeur du Tour de Romandie. Richard Chassot parle de son sport sans état d'âme.

Si vous êtes fan de cyclisme, sa voix vous est familière. Depuis
une dizaine d'années, Richard Chassot (39 ans) est consultant à la
tsr, une activité qui l'a fait connaître du grand public.



Après avoir été coureur professionnel durant 7 ans, ce
Fribourgeois s'est reconverti dans le domaine des assurances, un
métier qu'il cumule aujourd'hui avec le poste de directeur du Tour
de Romandie. Dès mardi - départ à Lausanne de la 63e édition -, il
sera en charge de cette épreuve pour la troisième année.



Passionné de cyclisme depuis sa plus tendre enfance, Richard
Chassot s'est confié, sans langue de bois.

"Je suis persuadé que le public n'est pas dupe"

tsrsport.ch: Devenir directeur du Tour de
Romandie, était-ce un de vos rêves?




RICHARD CHASSOT: Non, en fait, c'est un concours
de circonstances. J'aurais plutôt préféré être à la tête d'une
équipe cycliste. Mais à un moment donné, on m'a demandé si je me
sentais capable d'organiser cette épreuve. Je me suis dit pourquoi
pas et on a construit ça avec une toute nouvelle équipe.



Je dois avouer aujourd'hui que j'étais bien loin de m'imaginer
tout le travail que cela représentait. Personnellement, je n'aurais
jamais postulé pour un tel poste. Je suis à la tête du Tour de
Romandie car on est venu me chercher.



tsrsport.ch: Le cyclisme mène une lutte de
tous les instants contre le dopage. Dans d'autres sports, certains
athlètes se plaignent d'être trop contrôlés...




RICHARD CHASSOT: C'était la mentalité du vélo il
y a 15 ans. Chaque sport devrait faire le bilan, sans se voiler la
face. Le seul moyen de lutter contre le dopage, c'est le passeport
biologique et un contrôle des athlètes à tout moment.



Un pas en arrière se fait au niveau de la FIFA, du hockey ou du
tennis. Mais je suis persuadé que le public n'est pas dupe. Qu'il y
ait ou non du dopage, là n'est pas la question. Mais le fait qu'on
ne veuille pas localiser à tout moment les athlètes, c'est déjà un
peu louche...

"On ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier"

tsrsport.ch:

Cette année, plusieurs coureurs
reviennent d'une période de suspension, comme Basso. N'est-ce pas
dérangeant
?



RICHARD CHASSOT:

Si un coureur revient en ayant
changé de mentalité, pourquoi pas. Punir un athlète de 22 ans pour
le reste de sa carrière est sans doute trop sévère. Mais la
nouvelle loi qui inflige 4 ans de suspension lors de consommation
de produits lourds me paraît optimale.



Si un coureur revient après une aussi longue période, c'est qu'il
a une forte volonté et de toute façon, il n'aura pas le niveau.
Maintenant, c'est vrai que si Ricco revient l'année prochaine, on
peut se poser la question de savoir si c'est bien...



tsrsport.ch:

Beaucoup d'anciens coureurs
mêlés à des affaires de dopage reviennent dans le milieu, comme
manager, directeur d'équipe. Est-ce bien normal
?



RICHARD CHASSOT:

Non, c'est un problème surtout
s'ils dirigent une équipe. Mais parfois les gens qui travaillent
dans le milieu de la drogue sont d'anciens drogués. Il faut voir la
personnalité de chacun, on ne peut pas mettre tout le monde dans le
même panier.



Un dirigeant qui s'est dopé et qui a connu cette vie-là n'a
peut-être pas envie que son coureur fasse les mêmes erreurs. Cela
peut donc être à la fois bien ou mauvais, cela dépend des cas.

"On entend de moins en moins le discours profond d'un
athlète"

tsrsport.ch: Cette saison marque le retour
de Lance Armstrong. On a l'impression qu'il n'y a que lui dans le
peloton, tellement on en parle.




RICHARD CHASSOT: Sur ce point, le cyclisme n'y
peut pas grand-chose. Qu'il soit là n'est ni un bien, ni un mal.
C'est une erreur des médias de ne se focaliser que sur ce coureur,
surtout qu'il n'a aucun résultat.



Pendant ce temps, des coureurs gagnent des courses mais ils
n'existent pas. C'est un phénomène médiatique.Je prends l'exemple
du journal "L'Equipe" qui a haï Armstrong durant des années et qui
lui consacre des pages entières. Ca s'est un peu calmé depuis sa
blessure.



tsrsport.ch: La médiatisation d'Armstrong ne
vient-elle pas également du fait qu'il n'y a plus beaucoup de
coureurs charismatiques au sein du peloton?




RICHARD CHASSOT: Bien sûr. Un Ivanov qui gagne
l'Amstel Gold Race fait moins parler qu'un Armstrong qui s'occupe
de sa femme chez lui. Il manque des Cipollini, des Hinault, des
Fignon qui ouvraient leur gueule.



Mais ce problème n'est pas lié uniquement au cyclisme. Les
sportifs sont dans un moule. On entend de moins en moins le
discours profond d'un athlète. Tout est maintenant géré par des
chefs de presse et des professionnels de la communication.



Propos recueillis par Stéphane Altyzer

Publié Modifié

"Il faut un grand réservoir pour sortir des champions"

tsrsport.ch: Un mot sur le cyclisme suisse. Les clubs ont-ils toujours autant de peine à recruter de nouveaux membres?

RICHARD CHASSOT: Oui, ce n'est pas facile. Mais il y a certaines régions qui font un gros travail, notamment à Montreux, aux Franches-Montagnes ou à Sion. Cette liste n'est pas exhaustive. Dans d'autres endroits, c'est totalement abandonné et il n'y a plus de petites courses. Il est indispensable d'avoir un important réservoir si on veut sortir de grands coureurs.

Pour cela, il faut aussi que des personnes s'investissent pour organiser des courses le dimanche à 07h00 afin de ne déranger personne. C'est de plus en plus rare d'en trouver. Beaucoup de gens qui ont profité de ces écoles de cyclisme à une certaine époque pourraient peut-être aussi rendre la pareille en donnant un coup de main de temps en temps à ces clubs. Mais il y a un égoïsme grandissant, qui n'est d'ailleurs pas propre qu'au sport. C'est un problème de société.

tsrsport.ch: Depuis 10 ans, vous êtes également consultant à la tsr. Qu'est-ce que ce job vous a apporté?

RICHARD CHASSOT: C'est déjà un métier passionnant et j'ai eu la chance de l'apprendre aux côtés de Bertrand Duboux, qui était un professionnel très rigoureux. Ca m'a apporté un peu de notoriété, il ne faut pas le cacher. Les gens me connaissent surtout à travers la TV. Mais c'est surtout un job qui me plaît parce qu'il me permet de rester au contact des coureurs. Je peux également parler avec d'autres organisateurs de courses. C'est donc un bon complément par rapport à ma fonction de directeur du Tour de Romandie.

Richard Chassot express

Plat préféré: la nourriture italienne et la fondue.

Boisson préférée: le vin rouge.

Lieu de vacances favori: l'Italie, sur le côté mer Méditerranée.

Série TV favorite: Les Experts.

Principale qualité: optimiste et passionné.

Principal défaut: pas assez méticuleux.

Le dopage, c'est: le cancer du sport.

Votre devise: tant qu'il n'y a pas mort d'homme, ce n'est pas grave.

Votre idole: j'admire des personnalités comme Bono, Paul McCartney ou alors Mère Teresa.

Votre salaire: environ 120'000 francs par année-