Suisse ambitieuse pour une première

Première sélection helvétique à disputer une phase finale sur le
continent africain, la Suisse M17 de Dany Ryser aborde la Coupe du
monde au Nigeria (24 octobre-15 novembre) avec de légitimes
ambitions. Demi-finaliste de l'Euro en juin dernier, elle croit
fermement en ses chances de succès, emmenée par des individualités
qui peuvent faire la différence à tout moment. Notamment le trio
Nimeley (Bâle)-Xhaka (Bâle)-Ben Khalifa (Grasshopper), capable de
faire mal à n'importe quelle défense, comme il l'a prouvé lors de
l'Euro allemand.



Le sélectionneur se veut d'ailleurs confiant. «Je suis
convaincu que nous avons une chance contre tout le monde, surtout
si nous sommes épargnés par les blessures.» Et Ryser de faire
l'éloge de l'engagement de sa troupe. «Mes joueurs ont un
comportement très sain. Je préfère toutefois ne pas parler de titre
avec eux, mais plutôt d'expérience engrangée en tant
qu'individus.»

Possession et variation

Les Helvètes, qui se sont préparés à
Malte, n'auront pas droit à un faux départ en phase de groupe. Ils
affronteront en effet samedi le Mexique, champion du monde de la
catégorie en 2005, puis le Japon le mardi 27 et enfin le Brésil le
vendredi 30, triple lauréat du trophée (1997-1999-2003). «J'ai
en ma possession deux ou trois DVD de chacun de nos
adversaires, explique Ryser. Et voici ce que je peux en dire:
ce sont de bonnes équipes mais elles ne sont en aucun cas
intouchables.»



Le Seelandais appuie certainement sa foi sur les bonnes
performances de ses protégés en juin dernier. Même s'il attend de
son groupe une nette progression. «Elle doit intervenir sur
deux points précis. Premièrement, les pertes de balles faciles.
Car, en Allemagne, nous avions énormément travaillé pour gagner le
cuir mais avions aussi l'habitude de ruiner une partie de ces
efforts dans la foulée. Deuxièmement, nous devons trouver plus de
variations dans notre jeu offensif, ajouter des passages sur les
ailes et des phases courtes dans les intervalles.»

Collaboration

Ryser et ses joueurs ont ainsi cravaché ferme ces derniers mois
pour pouvoir offrir des prestations de choix, dans des stades
certainement très bien garnis (25'000 places disponibles à Lagos
contre le Mexique et le Japon et 60'000 à Abuja contre le Brésil).
Non sans le soutien de l'ASF et des clubs. «La collaboration
est vraiment bonne, reconnaît-il. Les clubs suisses libèrent
toujours les joueurs. Or, pour ce Mondial, ça peut représenter
trois semaines!» Un travail en commun impératif, selon le
sélectionneur. «Tout ce succès est rendu possible grâce à cette
entente. Le problème demeure les relations avec les clubs
étrangers, qui ne laissent partir les internationaux que sur les
dates protégées par la FIFA. Ils préfèrent que les jeunes jouent
une rencontre avec des juniors plutôt qu'une partie
internationale...», regrette-t-il encore.

LE BAL DES AGENTS DE JOUEURS



Il n'est plus une seule rencontre internationale, à partir des
regroupements M15, qui ne voit pas affluer un flot continu d'agents
et de recruteurs. En ce sens, la Coupe du monde M17 constitue bien
évidemment un rendez-vous incontournable pour les «marchands» de
joueurs. Dany Ryser, sélectionneur de l'équipe de Suisse, le sait.
Et fait avec. «Mes joueurs savent quels sacrifices ils doivent
faire pour devenir professionnels», assure le Seelandais.
Parfois, ils n'ont même pas besoin d'en faire trop, tant les
recruteurs et agents ratissent large. Ryser se souvient du dernier
Euro, en juin. «Pendant la phase de groupe, c'était encore
assez tranquille. Mais le cirque a commencé dès les demi-finales.
Nous avons dû protéger les joueurs en fixant des règles. Il ne faut
pas oublier que, pendant un tournoi, nous sommes responsables d'eux
vis-à-vis des clubs.» Les Helvètes avaient ainsi interdiction
totale de parler à des agents. «Mais il est impossible de tout
contrôler, en raison notamment des portables...»



Ryser a néanmoins le sentiment que ses ouailles ont bien respecté
les règles. Et il s'en réjouit. «Ca commence avec les M15. Or,
les joueurs et leur entourage n'y sont pas préparés. C'est pourquoi
nous organisons, à l'ASF, des séances d'informations pour juniors
et parents.» Et le sélectionneur de prévenir ceux qui
voudraient partir jeunes à l'étranger. «En Suisse, les garçons
reçoivent une formation optimale en quatre étapes: la
pré-formation, qui est excellente, le travail dans les sélections,
le saut dans le professionnalisme en Super League, Challenge League
et l'obtention d'un statut de titulaire. Après, ils peuvent
partir.» Un plan de carrière adopté, pour l'instant, par
Granit Xhaka, talent du FC Bâle, qui fixe lui à 19 ans l'âge
minimal pour commencer de songer à quitter la Suisse. «Partir
trop tôt, cela signifie perdre son niveau et se couper de sa
famille et de ses amis.» Et Ryser de conclure. «Sur la
cinquantaine de Suisses à l'étranger, moins de la moitié joue
régulièrement. Et ceux qui jouent évoluent souvent en Serie
C...»



si/tai