Tour de France: du suspense en perspective

Que le match commence. A ma droite, Lance Armstrong, 33 ans,
américain, vainqueur du Tour de France à six reprises, tenant du
titre.



A ma gauche, Jan Ullrich, 32 ans en décembre, allemand, victorieux
de la Grande Boucle en 1997, cinq fois deuxième, challenger no 1.
Mais peut-être handicapé par une chute à l'entraînement dont il a
été victime vendredi après-midi.



Lance et Jan ne sont pas vraiment des amis prêts à partir ensemble
en vacances. Mais ils se respectent et s'annoncent tous deux prêts
à relever le nouveau défi qui leur est proposé dès aujourd'hui et
jusqu'au 24 juillet.

Moins nerveux

L'Américain a annoncé il y a quelques semaines que ce Tour de
France mettrait un terme à sa carrière de coureur professionnel. Il
paraît libéré de toute tension.



«L'année dernière, j'étais particulièrement stressé, précise-t-il
parce que je m'étais lancé dans une aventure exceptionnelle,
devenir le premier coureur à remporter six fois le Tour. Ayant
réussi cette gageure, je me sens pleinement soulagé. Cette année,
j'envisage la course différemment. Je veux me faire plaisir et
profiter de ma forme que je juge très bonne depuis de Dauphiné.
Mais cela ne traduit pas un manque de motivation. Au contraire, mes
enfants seront sur les Champs Elysées le dernier jour et j'entends
gagner devant eux.»



Armstrong sait que nombreux sont ceux rêvant de le battre. La
concurrence sera forte, dense, décidée: «Je n'en suis pas
contrarié. C'est normal et c'est favorable pour le sport. Et cela
peut nous apporter, à moi et à mon équipe, une motivation
supplémentaire. De ces adversaires potentiels, les T-Mobile seront
parmi les plus redoutables. Au Dauphiné, Vinokourov était aussi
fort contre la montre qu'en montagne. Il est très motivé pour
briller sur ce Tour. Quant à Jan, il est en excellente forme. On
sait qu'il s'améliore toujours au fil des jours. Il sera sans doute
redoutable dans la seconde moitié de la course. Avec Klöden capable
de tout, les T-Mobile forment une équipe incroyable. Une menace à
prendre au sérieux.»

Avec Popovych et Savoldelli

Si l'équipe allemande possèdera un trio d'as pour essayer de
destabiliser Armstrong, celui-ci, et son directeur sportif Johan
Bruyneel auront également des possibilités de titiller leurs
adversaires. «En glissant un Savoldelli ou un Popovych dans une
échappée, nous pourrions sérieusement perturber nos rivaux» dit-on
dans l'entourage de la formation américaine. «Et les obliger à
travailler, à nous enlever une partie du poids de la course.»



Une chose est certaine, les dirigeants de Discovery garderont
Popovych, un immense talent, comme joker. Au cas où Lance
connaîtraît des problèmes, l'Ukrainien de 25 ans pourrait se
profiler plus vite que prévu au premier plan.



Armstrong, enfin, veut se retirer en laissant la meilleure des
images auprès du public. «Je crois que les Français évoluent à mon
égard, explique-t-il. Au Dauphiné, les gens ont été très sympa avec
moi. J'ai apprécié, même si je ne suis pas un politicien, mais un
sportif désireux de donner le meilleur de lui-même.»

La dernière fois

Ullrich, comme tous les autres outsiders, répète à l'envi:
«C'est la dernière fois que je pourrai battre Armstrong, ce sera
une motivation exceptionnelle.» L'Allemand s'est semble-t-il mieux
préparé que ces dernières saisons. Il a beaucoup roulé sur son
rouleau installé dans la chambre hypobare qu'il s'est fait aménager
dans sa maison suisse de Scherzigen, près du Lac de Constance. Une
installation chargée de reproduire les conditions de l'altitude, de
raréfier l'oxygène et d'augmenter la production de globules
rouges.



Et si Armstrong gagnait de nouveau ? «Quant il arrêtera, répond
Jan, il manquera à beaucoup d'entre nous. Nous avons fait de belles
bagarres ensemble. S'il organise une fête à la fin du tour,
j'espère simplement que je serai invité...»



tsr.ch avec les agences