Les joueurs de Köbi Kuhn se sont envolés en Floride

Une semaine. Soit le temps imparti au sélectionneur national
pour raviver la flamme de son groupe et retrouver cet état d'esprit
qui avait (presque) permis de renverser des montagnes depuis
l'automne 2002. Comme examen pratique, la Suisse se frottera à
l'exotisme de la Jamaïque (jeudi 22 à Fort Lauderdale, 00h45 heure
suisse) et de la Colombie (dimanche 25 à Miami, 19h30 heure
suisse).

L'après-Vogel

Il s'agit avant tout de mettre fin à l'inquiétante série de
trois revers consécutifs, subis contre l'Autriche, le Brésil et
l'Allemagne. Si les Helvètes n'ont certes pas à rougir de défaites
contre les deux multiples champions du monde, c'est surtout leur
impuissance et la médiocrité de leur jeu qui suscitent les plus
grandes craintes pour l'avenir.



Köbi Kuhn l'a bien compris et ne s'est pas privé de réagir. Le
sélectionneur national, dans un sursaut d'autoritarisme dont les
motivations réelles peuvent encore paraître un peu floues, a
commencé de faire le ménage, renvoyant sine die son capitaine
Johann Vogel. Ce signal fort, qui a déchaîné les passions en Suisse
et remis au goût du jour un «Röstigraben» médiatique, ne manquera
certainement pas de secouer des cadres nationaux peut-être enlisés
dans une certaine tranquilité.



L'ambiance au sein de la sélection sera à coup sûr un des grands
enjeux du camp en Floride. En cas de nouvelles discordes entre les
joueurs, Köbi Kuhn pourrait voir sa position encore plus fragilisée
qu'elle ne l'a déjà été ces derniers mois. Le Zurichois est
semblet-il tombé de son piédestal depuis la Coupe du monde, même
si, depuis le renvoi de Vogel, une grande partie de la presse
alémanique l'a épargné de son courroux.

Matches piégeux

Il est toutefois certain qu'en cas d'échec retentissant dans sa
tentative de souder à nouveau son groupe, Köbi Kuhn sera soumis à
une très grande pression, d'autant plus qu'il ne fait plus
l'unanimité dans les couloirs de l'ASF. Certains estiment même
qu'il pourrait perdre sa place à la tête de l'équipe de
Suisse.



Néanmoins, la prolongation à Bayern Munich d'Ottmar Hitzfeld, qui
était le favori à la succession du Zurichois, a peut-être changé
bien des données. Mais les défis de l'équipe nationale en Floride
ne concerneront pas uniquement l'état d'esprit. Elle devra en effet
rassurer sur le terrain, face à des équipes qui, si elles ne sont
pas aussi prestigieuses que le Brésil, l'Allemagne ou encore
l'Argentine et les Pays-Bas qui viendront en Suisse cet été -,
peuvent être des adversaires malcommodes.

Equipe cherche patron

Des contre-performances devant la Colombie et surtout la
Jamaïque remettraient pas mal de choses en question. Au-delà de la
valse difficilement compréhensible des gardiens Zuberbühler,
Coltorti et Benaglio, la Suisse n'est de loin pas au mieux dans les
autres compartiments de jeu. La défense doit impérativement se
trouver un patron, puisque Patrick Müller ne joue que trop rarement
avec Lyon.



Moins alarmante mais tout de même préoccupante, la situation des
deux «Gunners» Philippe Senderos et Johann Djourou est quelque peu
compliquée à Arsenal, où ils sont souvent barrés par la forte
concurrence qui règne au sein du club londonien.

Sans Lustrinelli

Avec l'éviction de Vogel, Kuhn devra également repenser son
orgnaisation à mi-terrain. Il s'agit de savoir si Dzemaili et Inler
peuvent réellement faire le poids à l'échelle internationale. A
moins que le sélectionneur ne donne enfin sa chance à Djourou dans
l'entre-jeu, ce qui pourrait constituer une solution intéressante
pour autant que le Genevois n'ait pas perdu ses sensations au poste
de no 6, après près de deux saisons passées en défense.



En attaque, Köbi Kuhn continue de faire confiance à son instinct
et non à la réalité du terrain pour déterminer qui aura pour tâche
d'épauler Alexander Frei. Refusant toujours d'entendre parler de
Blaise N'Kufo, très percutant dans le Championnat des Pays-Bas, il
a cette fois-ci curieusement laissé de côté Mauro Lustrinelli,
tandis que ce dernier semble de retour aux affaires avec Lucerne.
Un choix étonnant, puisque Kuhn a longtemps retenu le Tessinois
alors qu'il stagnait au Sparta Prague. Mais le Zurichois lui a
préféré Marco Streller, rarement décisif à Stuttgart.



si/alt