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La flamme s'éteint pour Juan Antonio Samaranch

Juan Antonio Samaranch (à g.) et son successeur, Jacques Rogge.
Juan Antonio Samaranch (à g.) et son successeur, Jacques Rogge.
L'ex-président du CIO Juan Antonio Samaranch est décédé mercredi. L'Espagnol, âgé de 89 ans, avait été hospitalisé mardi dans un "état très grave" dans une clinique de Barcelone pour une "insuffisance coronarienne aiguë".

L'ex-président du Comité international olympique (CIO),
l'Espagnol Juan Antonio Samaranch (89 ans) est décédé mercredi à
Barcelone d'un "arrêt cardio-respiratoire". Il avait été
hospitalisé dans un état "très grave" en raison d'une
"insuffisance coronarienne aiguë".



"M. Juan Antonio Samaranch, admis à l'hôpital Quiron de
Barcelone dimanche dernier, est décédé à 13h25 le mercredi 21 avril
2010, conséquence d'un arrêt cardio-respiratoire"
, a annoncé
dans un communiqué la clinique où il était hospitalisé. Quelques
minutes plus tôt, la clinique Quiron avait annoncé que Juan Antonio
Samaranch se trouvait dans "un état de choc irréversible"
et que sa situation était "critique".

Un règne extrêmement long

Nous avons perdu la
référence du sport mondial

Jaime
Lissavetsky

Juan Antonio Samaranch a régné sur
le mouvement olympique pendant 21 ans, de 1980 à 2001, avant de
passer le flambeau à Jacques Rogge. Il était depuis président
d'honneur du CIO. Seul le baron français Pierre de Coubertin,
"père" des Jeux olympiques de l'ère moderne, est resté en fonction
plus longtemps que le Catalan (1896-1925).



"Nous avons perdu la référence du sport mondial", a réagi
le secrétaire d'Etat espagnol aux sports, Jaime Lissavetzky. Le
gouvernement régional catalan a annoncé que la dépouille de Juan
Antonio Samaranch serait exposée jeudi dans une chapelle ardente au
siège de la "Generalitat" pour que les Barcelonais puissent lui
rendre un dernier hommage.



Le Dr Rafael Esteban Mur, directeur du service de médecine interne
de la clinique Quiron, avait déclaré mardi soir ne pas pouvoir être
"optimiste à cause de son âge et en raison des maladies
chroniques dont souffrait
" Juan Antonio Samaranch.



Homme d'influence et de réseaux, Juan Antonio Samaranch, l'un des
Espagnols les plus connus dans le monde, est un touche-à-tout. Né
le 17 juillet 1920 à Barcelone dans une riche famille catalane
d'industriels du textile, il se consacre d'abord à l'entreprise
familiale. Sportif amateur, il organise à Barcelone en 1951 les
premiers Championnats du monde de rink-hockey (hockey sur patins à
roulettes) et conduit la sélection nationale au titre. Un succès
sans précédent qui lui vaut la reconnaissance du général Francisco
Franco, dont il fut lui-même un fervent admirateur.



Diplômé de l'Institut supérieur d'études d'entreprises de
Barcelone, professeur d'économie, il devient alors président de la
puissante Caisse d'épargne de Catalogne, puis député à la
"Diputacion" (Conseil provincial) de Barcelone avant d'en devenir
le président. En 1967, il est nommé délégué national de l'Education
physique et des Sports (l'équivalent de secrétaire d'Etat aux
sports en France) dans le gouvernement du dictateur Franco.

Il reçoit le titre de marquis en 1991

Membre élu du CIO depuis 1966, il est le
premier ambassadeur d'Espagne (1977-1980) à Moscou après la reprise
des relations diplomatiques avec l'URSS. Vice-président du CIO
(1974-1978), il accède à la présidence en 1980 avant d'être
reconduit, à trois reprises, dans ses fonctions (1989, 1993 et
1997). Il reçoit en 1991 le titre de marquis par le roi d'Espagne
Juan Carlos pour son implication dans le mouvement olympique et
l'attribution des JO 1992 à Barcelone. Le 1er octobre 2000, Juan
Antonio Samaranch avait qualifié les Jeux olympiques de Sydney, ses
derniers en tant que président du CIO, de "meilleurs de tous
les temps
".



Veuf de Maria Teresa Salisachs-Rowe, décédée le 16 septembre 2000,
héritière d'une grande dynastie du textile de la Catalogne, Juan
Antonio Samaranch est père de deux enfants, Maria Teresa et Juan
Antonio Jr, élu membre du CIO en juillet 2001. Sa fin de
présidence, correspondant à un passage de relais avec son fils, a
été marquée par plusieurs problèmes de santé.



Il avait été hospitalisé à Lausanne le 17 juillet 2001, jour de
ses 81 ans, "en raison d'une extrême fatigue" liée au
congrès du CIO à Moscou. La veille, Juan Antonio Samaranch avait
annoncé, depuis la capitale russe, l'élection de son successeur,
Jacques Rogge, trois jours après avoir désigné Pékin pour
l'organisation des JO de 2008.



En août 2001, des complications aiguës d'hypertension artérielle
liées "à un énorme effort avant et après" le congrès à
Moscou avaient nécessité son hospitalisation à Barcelone. En
décembre 2007, il avait été hospitalisé à Madrid après une hausse
de tension artérielle.

Samaranch n'est pas parvenu à ramener les JO en Espagne

Juan Antonio Samaranch, président d'honneur à vie du CIO, n'a
jamais ménagé ses efforts après son départ, faisant tout pour
ramener les Jeux en Espagne, après ceux de Barcelone en 1992. Mais
son soutien n'avait pas suffi à Madrid en 2005 pour décrocher les
JO de 2012, attribués à Londres. Il avait repris du service en
octobre 2009, volant à Copenhague pour tenter une nouvelle fois
"d'aider Madrid avec (ses) mots, rares mais importants".
Mais la capitale espagnole avait été battue en finale par Rio de
Janeiro pour l'organisation des JO 2016.



Juan Antonio Samaranch est décédé mercredi à l'hôpital Quiron de
Barcelone, établissement où il avait été admis la veille.



agences/dbu

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Des condoléances de toutes parts

"Je ne peux pas trouver les mots pour exprimer la détresse de la famille olympique", a déclaré Jacques Rogge, le président du CIO dans un communiqué. "Je suis personnellement profondément attristé par le décès de l'homme qui a construit les Jeux olympiques de l'ère moderne, un homme qui m'a inspiré et dont la connaissance du sport était réellement exceptionnelle. Nous avons perdu un grand homme, un mentor et un ami qui a dédié sa long vie bien remplie à l'olympisme".

Le CIO a rappelé que Juan Antonio Samaranch, peu après son élection à la tête du mouvement olympique en 1980, "a travaillé pour l'abolition de l'amateurisme aux Jeux olympiques".

Jean-Claude Killy a perdu un "véritable ami"

"C'est une journée d'une immense tristesse, c'était un véritable ami", a déclaré Jean-Claude Killy, triple médaillé olympique et membre du CIO, en rendant hommage à celui qui a régné sur le mouvement olympique de 1980 à 2001. "Ce que je garde de lui, c'est son leadership et la manière dont il a géré le CIO durant 21 ans. Il l'a projeté dans le siècle d'aujourd'hui, par l'intégration des sportifs professionnels et lui a donné la capacité de se financer seul. Il y a fait entrer des présidents de fédérations, des présidents de Comités nationaux olympiques et des athlètes. Il a bouleversé le CIO de fond en comble", selon M. Killy.

Une très grande et haute figure de l'olympisme

"Très grande et haute figure de l'olympisme, M. Samaranch est celui qui a favorisé la montée en puissance de l'olympisme en l'ouvrant à tous les sportifs et à tous les pays", affirme le président français Nicolas Sarkozy. Selon le chef de l'Etat, M. Samaranch "a contribué sans cesse au renforcement de l'unité et de la solidarité olympique en y associant les fédérations internationales, les comités nationaux olympiques, les athlètes, pour mettre en place la plus grande gouvernance du sport mondial".

M. Sarkozy "adresse ses très sincères condoléances à la famille proche de Juan Antonio Samaranch, à la grande famille de l'Olympisme, à l'ensemble du monde du sport, aux membres du CIO et à leur Président Jacques Rogge", indique également le communiqué.

Les 8 présidents du CIO

1894-1896: Demetrius Vikelas (Grèce)
1896-1925: Pierre de Coubertin (France)
1925-1942: Henri de Baillet-Latour (Belgique)
1942-1952: J. Sigfrid Edström (Suède)
1952-1972: Avery Brundage (USA)
1972-1980: Michael Killanin (Irlande)
1980-2001: Juan Antonio Samaranch (Espagne)
2001-?: Jacques Rogge (Belgique)