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Sécurité et transports, des défis majeurs

Mercredi, l'horloge officielle indiquera 100 jours avant le coup d'envoi des JO de Londres. [Keystone - Alastair Grant]
Mercredi, l'horloge officielle indiquera 100 jours avant le coup d'envoi des JO de Londres. - [Keystone - Alastair Grant]
Mercredi, l'horloge géante au pied de la colonne de l'amiral Nelson, sur Trafalgar Square, marquera J -100: 100 jours avant que la reine Elizabeth II déclare ouverts les 3es Jeux olympiques de Londres, avec sécurité et transports comme défis extra-sportifs majeurs.

Du 27 juillet au 12 août, la capitale britannique sera la première cité à réaliser le triplé olympique: en 1908 et 1948, elle avait déjà accueilli deux éditions des JO des temps modernes.

Il y a 64 ans, au sortir de la guerre, on évoquait les "Jeux de l'austérité". Les athlètes dormaient en dortoirs, dans des baraquements militaires et des collèges.

Aujourd'hui, l'austérité résultant de la crise économique est au rendez-vous. Pour autant, les Jeux de Londres et leur budget de 9,3 milliards de livres (11 milliards d'euros) ne seront pas des JO a minima après ceux, colossaux, de Pékin, mis en scène comme une affirmation de puissance.

"Nous ne nous présentons pas comme une superpuissance", a cru bon de préciser le secrétaire d'Etat aux Sports, Hugh Robertson.

Si le gigantisme n'est pas de mise, le Premier ministre David Cameron n'en promet pas moins un remake "du plus grand spectacle au monde", destiné à offrir "le meilleur de la Grande-Bretagne".

Le réalisateur de "Slumdog Milionaire" aux commandes

Pour s'en assurer, la cérémonie d'ouverture, sous les yeux de 80'000 spectateurs et de

Le stade olympique accueillera une cérémonie d'ouverture à grand spectacle. [Reuters - Toby Melville]
Le stade olympique accueillera une cérémonie d'ouverture à grand spectacle. [Reuters - Toby Melville]

milliards de téléspectateurs, a été confiée à Danny Boyle, le réalisateur de "Slumdog Millionaire", récompensé par huit oscars.

S'ensuivra l'entrée en lice de quelque 10'500 athlètes originaires de 204 pays dont la Chine, qui rêve de réitérer son triomphe inédit d'il y a quatre ans au tableau des médailles. Avec en tête d'affiche deux des superstars des Jeux de Pékin: "Lightning Bolt", le sprinter jamaïcain Usain Bolt, et "the Baltimore Bullet", le nageur américain Michael Phelps.

Londres voudrait remporter une autre médaille, celle du "développement durable". D'ores et déjà, le président du CIO Jacques Rogge assure que la capitale britannique léguera "un modèle" pour les JO à venir, au vu du chantier accompli dans les temps, normes et budgets impartis.

L'East End a été complètement transformé

Certaines des installations, sur des friches industrielles décontaminées, dans l'est de la ville, seront conservées en l'état, comme le vélodrome. D'autres seront reconfigurées avec une capacité réduite pour un usage post-olympique, à l'instar du grand stade ou de la piscine à

La piscine olympique deviendra municipale après les JO. [Keystone - GEOFF CADDICK]
La piscine olympique deviendra municipale après les JO. [Keystone - GEOFF CADDICK]

l'architecture audacieuse qui perdra deux ailes en devenant municipale. D'autres enfin seront démontées et revendues, comme l'arène de basketball.

L'East End, longtemps synonyme d'abandon, conservera en héritage la gare ultramoderne de Stratford, le village olympique reconverti en logements et des espaces verts le long de la rivière Lee.

Restent deux inconnues de taille: le risque de gigantesques embouteillages dans une ville saturée où les déplacements sont aussi rapides qu'au temps des calèches, relèvent les urbanistes, et la sécurité, 40 ans après la prise d'otages sanglante aux JO de Munich.

Des transports publics rénovés à coup de milliards

Dans le premier cas, 7,5 milliards d'euros ont été déboursés pour moderniser les transports publics, dont le plus vieux métro au monde. 48 kilomètres de couloirs de circulation sont prévus pour les VIP, et les Londoniens sont officiellement encouragés à pratiquer le télétravail et à éviter les heures de pointe. Quitte à rallonger leurs séjours au pub...

A Londres, on a même installé le 1er téléphérique urbain du genre en Grande-Bretagne... [Keystone - ANDY RAIN]
A Londres, on a même installé le 1er téléphérique urbain du genre en Grande-Bretagne... [Keystone - ANDY RAIN]

Afin de parer à toute éventualité, plus de 40'000 soldats, policiers et gardes privés contribueront à une mobilisation "sans précédent en période de paix dans le pays", selon David Cameron. Et pour cause. Au lendemain de l'attribution des Jeux à Londres, la ville a connu son pire attentat, qui a fait 52 victimes, le 7 juillet 2005.

"Il s'agit de Jeux olympiques. Ils se déroulent à Londres, pas dans une ville en état de siège. Il va falloir trouver le bon équilibre", a expliqué Sebastian Coe, président du Comité d'organisation 2012.

Dans un registre qui relève davantage du folklore, la police entend faire la chasse aux "streakers", ces exhibitionnistes qui déboulent nus dans les stades. Et le souci de l'ordre public l'a incitée à fermer quelque 80 maisons closes de l'Est End.

afp/dbu

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Chiffres impressionnants mais impact économique incertain

Des milliards investis, plus de dix millions de tickets vendus, des centaines de milliers d'emplois... Gouvernement et organisateurs alignent les chiffres pour prouver les bienfaits économiques des JO de Londres, sans vraiment convaincre le public et les experts.

Selon les promesses officielles, le budget des Jeux olympiques devrait rester dans l'enveloppe de 9,3 milliards de livres (environ 11 milliards d'euros) fixée en 2007 après un quadruplement des premières estimations. Sans compter plus de 6 milliards de livres pour la remise à niveau des transports défaillants de la capitale.

Erigés au rang de priorités, ces budgets ont été épargnés par la rigueur qui règne sur le Royaume-Uni, le Premier ministre David Cameron ayant même décidé de doubler la mise pour financer la cérémonie d'ouverture, une vitrine pour les milliards de téléspectateurs potentiels.

Sur le terrain, les Londoniens peuvent déjà constater un effet de la manne qui s'est abattue sur leur ville: la transformation d'une partie de l'est de la capitale, longtemps délaissée et remodelée autour du nouveau stade olympique de Stratford. Une gare ultramoderne y a vu le jour, des lignes de train et de métro étendues ou modernisées, et les consommateurs se pressent depuis plusieurs mois dans le plus grand centre commercial d'Europe qui a ouvert juste à côté.

Il faudra pourtant du temps avant de savoir si un rééquilibrage durable de la métropole se concrétise. Le gouvernement mise sur les nouvelles infrastructures pour attirer des entreprises de technologies de pointe, mais aucun des grands noms espérés, comme Google ou Microsoft, ne s'est encore manifesté.

Membre du cabinet de recherche Capital Economics, Samuel Tombs estime le gain net de croissance généré par les JO à moins de 1% du Produit intérieur brut, le tout sur plusieurs années. Les chiffres les plus optimistes évoquent la création de 300'000 emplois, mais la très grande majorité sont des contrats temporaires, insuffisants pour infléchir une courbe du chômage au plus haut depuis 17 ans.

Les JO "devraient donner un coup de pouce à l'activité. Mais ils n'auront pas d'effet magique", a confirmé l'analyste Howard Archer. En pleine austérité, il en faudrait donc plus pour susciter l'enthousiasme des Britanniques: d'après un récent sondage publié par "The Independent", 51% d'entre eux pensent déjà que ces JO ne vaudront pas l'argent dépensé.

David Cameron tente de les convaincre du contraire, en mettant l'accent sur l'"héritage économique"... qui implique un peu de patience. Il assure ainsi que l'événement devrait conduire "4,5 millions de touristes supplémentaires à visiter la Grande-Bretagne dans les quatre prochaines années". Un boom touristique immédiat, en plus des quelque 400'000 spectateurs des JO espérés de l'étranger, ne semble en revanche pas d'actualité.

"Au total, nous nous attendons au même nombre de visiteurs étrangers cet été que l'été dernier", a expliqué David Leslie, un porte-parole de VisitBritain, l'organisme chargé de promouvoir le tourisme britannique. Les touristes "ordinaires" devraient en effet déserter une destination olympique annoncée comme chère et surchargée et, à 100 jours de l'ouverture des JO, il reste encore "pas mal de chambres libres" dans les hôtels de Londres, a assuré M. Leslie.

Les bonnes affaires ne seront donc pas forcément au rendez-vous pour les particuliers qui ont mis en location leur logement londonien à des prix astronomiques, avec un record à 90'000 euros la semaine repéré par le journal "Evening Standard" pour une maison du quartier chic de Chelsea...