Douze ans se sont écoulés entre le premier des sept Tours de France victorieux du coureur américain et le rapport de l'Usada. Douze années émaillées de doutes, de controverses et d'accusations, mais aucune
suffisante jusqu'alors pour faire vaciller le mythe de l'homme capable de vaincre le cancer.
Merci Floyd Landis
Si Floyd Landis n'avait pas décidé de soulager sa conscience, le Texan détiendrait encore à ce jour le record de victoires de l'épreuve. Pendant que l'UCI taxait Landis de menteur, son témoignage intéressait l'Usada, mais aussi la justice fédérale américaine, qui ouvrit une enquête. Celle-ci fut classée en février 2012, la justice sportive poursuivit néanmoins ses efforts.
L'Usada parvint ainsi à convaincre les mêmes anciens équipiers, qui avaient été appelés à témoigner sous serment devant la justice, à lui livrer leurs aveux. Au final ? Une victoire par forfait, Armstrong décidant le 23 août d'abandonner le bras-de-fer.
Moyens exceptionnels
A affaire exceptionnelle, moyens exceptionnels : l’Usada a livré un rapport de plus de 200 pages qui a fait chuter le Texan et plongé le cyclisme dans la crise. "Ce sont des moyens d'investigation qu'une agence comme l'Usada peut avoir mais que les fédérations individuelles n'ont en principe pas", souligne Denis Oswald, président de la Fédération internationale d'aviron.
"C'est bien que cette tricherie à haute échelle ait été démasquée mais je n'ose pas imaginer ce qu'a coûté cette enquête. S'il fallait mettre de tels moyens en oeuvre dans chaque cas, on n'y arriverait pas", a ajouté le juriste neuchâtelois.
Des vitamines pour l'AMA
La chute de l'Américain donne du crédit à l’Usada. Elle redonne aussi quelques vitamines à une Agence mondiale antidopage qui peine à convaincre les gouvernements qui assurent la moitié de son financement, l'autre venant du mouvement sportif de l'utilité d'augmenter son budget. L'une des plus grandes icônes du sport a été déchue, mais d'autres suivront-elles?
Le président de l'AMA John Fahey s'agaçait mi-novembre de voir les instances sportives au Kenya, pays riche en médailles en athlétisme, rester placides malgré des témoignages sur la circulation de produits dopants dans certains de ses centres d'entraînement. Le CIO, lui, a mis huit ans avant de pouvoir retirer leurs médailles à quatre et bientôt cinq athlètes montés sur les podiums aux Jeux d'Athènes.
afp/lper
L'UCI dans le viseur
Accusée d'avoir protégé la star du vélo pendant toutes ces années, l'UCI répète à l'envi que pas plus qu'elle, l'Usada n'avait réussi à attraper Armstrong par un test antidopage positif malgré les quelques 300 qu'il a subis dans sa carrière, à une époque où les méthodes de détection n'étaient pas aussi pointues qu'aujourd'hui. Et souligne que si l'UCI n'avait pas contrôlé positif Floyd Landis et Tyler Hamilton, ceux-ci, mis à l'index du monde du vélo, ne seraient probablement jamais passés aux aveux. "Ce rapport n'a pas vu le jour grâce à l'UCI ou l'Usada. C'est parce qu'un enquêteur fédéral a recueilli toute cette information pour le dossier. Cela prouve la nécessité d'avoir la police impliquée dans les enquêtes antidopage", estimait fin octobre Pat McQuaid, qui a pris la tête de l'UCI après la dernière victoire d'Armstrong dans le Tour en 2005.