Le syndicat Oracle a obtenu gain de cause devant la justice
américaine dans son interminable litige avec Alinghi. Deux voies
restent possibles aux syndicats ennemis: se mettre d'accord pour
une 33e édition de la Coupe de l'America selon le format classique
avec plusieurs challengers, ou un duel en multicoques.
Le verdict de la Cour d'appel de l'Etat de New York à Albany est
tombé par 6 voix contre 0: Alinghi, détenteur du titre, est tenu de
négocier les modalités de la prochaine Coupe de l'America avec le
Golden Gate Yacht Club (GGYC), représentant le Défi américain
Oracle, qui accusaient l'équipe d'Ernesto Bertarelli d'avoir fixé
avec le défi espagnol des règles inéquitables en leur faveur.
Alinghi ne fera pas recours
Le verdict semble cette fois définitif. "Il existerait
peut-être une voie de recours, mais nous ne recourrons pas", a
assuré le conseiller juridique d'Alinghi, Lucien Masmejan.
"Pour nous, l'affaire est réglée".
L'équipe d'Ernesto Bertarelli affirme son intention de discuter
avec les Américains des modalités de la prochaine épreuve, alors
que, début mars encore, le Suisse avait estimé qu'il serait
difficile de négocier avec les Américains en cas de défaite en
justice. Alinghi a d'ailleurs déclaré avoir déjà pris l'initiative
de contacter Larry Ellison (le patron du syndicat américain) pour
rouvrir des négociations.
Tout dépend en fait de la volonté d'Oracle d'accepter de
s'entendre pour la tenue d'une Coupe traditionnelle, avec de
multiples challengers, en 2010 à Valence. A priori, les Américains
peuvent en effet avoir un certain intérêt à préférer un duel en
multicoques au meilleur des trois régates. Ils ont en effet pris
beaucoup d'avance puisqu'ils testent leur trimaran depuis des mois,
alors qu'Alinghi a interrompu en août dernier la construction de
son multicoque, qui est devisée entre 15 et 20 millions d'euros
(entre 22,5 et 30 millions de francs).
Reste qu'un duel en multicoques entre les deux syndicats ennemis
réduirait les 18 autres équipes au rôle de spectatrices.
Plusieurs points à éclaircir
Le calendrier et les modalités établis de la 33e édition sont
donc remis en question. Les juges de New York, de leur côté, ont
encouragé les deux syndicats de milliardaires à discuter des
modalités de la 33e édition. Plusieurs points restent à éclaircir.
Par exemple la date de l'épreuve. D'après le «Deed of Gift», il
n'est permis de naviguer dans l'hémisphère nord que du 1er mai au
31 octobre, et dans l'hémisphère sud, du 1er novembre au 30
avril.
Le choix du lieu incombe à Alinghi. "Nous choisirions
volontiers Valence, mais cela dépend de la date. En février, la
météo à Valence n'est pas du tout favorable", a relevé Lucien
Masmejan. "Le verdict a le mérite d'être clair, et nous nous
réjouissons de quitter les salles de tribunaux pour retrouver
l'eau", a-t-il précisé.
agences/rsch
Le Desafio espagnol : un club... fictif
La décision prise jeudi infirme un verdict de l'an dernier qui autorisait Alinghi à choisir le Club nautique espagnol de voile (CNEV) comme «challenger de référence» chargé de fixer les règles avec le défenseur.
La Cour a entendu l'argument des Américains selon lequel le CNEV, représentant le Desafio Español, était un club fictif qui ne répondait pas aux critères du «Deed of Gift», document fondateur de l'épreuve.
Ce document stipule qu'un challenger doit organiser une régate annuelle en mer, ce qui n'est pas le cas du club espagnol. En première instance, le tribunal avait jugé les termes du «Deed of gift» trop flous pour barrer la route au CNEV. Jeudi, les juges d'appel ont considéré qu'il n'y avait «pas d'ambiguïté» et que le «challenger de référence» devait avoir organisé au moins une régate de ce type par le passé.
Le CNEV et le Défi espagnol se sont dits «déçus» du verdict de la justice américaine. Les Espagnols attendent d'Oracle qu'il confirme son intention de négocier avec Alinghi la tenue d'une Coupe de l'America selon le format habituel.