"Une petite planète qui n'a pas l'air bien..."

Après avoir salué Stamm, "obsédé par ses rêves" mais "attentif
aux autres", il profite du symbole qu'offre ce tour du monde en
solitaire pour raconter l'histoire d'une petite planète qui souffre
d'être piétinée par des importuns.



- Bernard Stamm, ancien bûcheron, est un grand skippeur mais
aussi un personnage. Qu'inspire-t-il à l'écrivain?



ERIK ORSENNA: C'est quelqu'un qui se donne les
moyens de réaliser ses rêves, c'est quelqu'un qui pense qu'on n'a
pas une seule vie, c'est quelqu'un qui pense qu'il y a plus de
possibles qu'on ne le croit, et c'est quelqu'un qui est extrêmement
ouvert aux autres.



J'ai vu des tas de gens obsédés par leurs rêves, c'est son cas, et
en général leur rêve ronge leur attention aux autres. Et bien lui
fait attention. J'ai participé au convoyage du bateau récemment, il
m'a passé la barre par 25 noeuds de vent, confiant. Il était en
train de s'affairer à l'intérieur, et pendant deux heures j'ai
barré, peinard, j'avais le bateau pour moi tout seul, j'étais le
roi du monde. J'étais un peu occupé, j'ai pas appelé ma mère, sinon
je lui aurais dit: "t'as vu où il est ton fils?"

"Des gens qui me marchent sur la tête"

- Pourriez-vous un jour
mettre en scène Bernard Stamm?

ERIK ORSENNA:

On ne sait pas... Tout ça est
libre, il n'a pas besoin de moi, je n'ai pas besoin de lui. Si on
continue à avoir envie de dialoguer, ça pourra prendre la forme
d'un livre, ou d'un voyage, on verra. Pendant la course, je
communiquerai avec lui par mail, aussi longtemps que ça ne le fait
pas ch...



- Etes-vous sensible au fait que le Vendée Globe est plus
qu'une épreuve sportive, mais un événement qui sollicite
l'imaginaire?

ERIK ORSENNA:

Le Vendée Globe, ça tourne autour
de la Terre, ça salue le globe, à un moment où notre globe, quand
même, peine un peu. Alors pour saluer le globe, c'est le bon
moment, parce que quand on salue, on respecte.



Laissez-moi vous raconter une histoire que j'aime beaucoup. Deux
planètes discutent. Une planète dit: "T'as pas l'air bien en ce
moment". L'autre répond: "Oui, ça va pas fort, j'ai des gens qui me
marchent sur la tête, qui me piétinent". Et la première planète
répond: "T'en fais pas, je les connais, ce sont des êtres humains,
des emmerdeurs, mais ça passera..."



afp/bao